Programmation sécurisée : comment développer des applications inviolables ?

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À contrario d'une idée répandue, la programmation sécurisée ne se résume pas à ajouter quelques lignes de code protectrices dans un programme. C'est en réalité un état d'esprit qui doit guider le développement tout au long du cycle de vie logiciel. En effet, la sécurité des applications web et mobiles est désormais au cœur des préoccupations. Les failles exploitées par les cybercriminels se multiplient, entraînant fuites de données et pertes financières. Dans ce contexte, adopter les bonnes pratiques de secure coding n'est plus une option.

Qu’est-ce que le secure coding ?

Le secure coding - ou programmation sécurisée - désigne l’ensemble des bonnes pratiques de codage visant à livrer des applications robustes et sécurisées. Concrètement, il s’agit de prendre en compte la sécurité tout au long du développement logiciel. 

Cela commence par une analyse des risques dès la conception, afin d’identifier les failles potentielles. Le code source est ensuite rédigé en limitant les vulnérabilités, par exemple en filtrant rigoureusement les entrées utilisateurs. Des tests de pénétration sont également conduits en continu pour traquer les brèches avant le déploiement.

Pour résumer, le secure coding repose sur 3 piliers :

  • La prévention, en anticipant les problèmes de sécurité en amont dans les spécifications.

  • La détection, via des tests automatisés et manuels pour trouver les défauts.

  • La correction, en colmatant rapidement toute vulnérabilité identifiée.

Bien appliqué, le secure coding offre de multiples bénéfices. Il réduit les risques de hacking et de fuites de données. Il renforce la robustesse et la résilience des applications. Et il rassure les utilisateurs finaux sur la protection de leurs informations sensibles. 

Pourquoi la programmation sécurisée est-elle importante ?

La sécurité des applications est devenue un enjeu business critique pour trois raisons :

Tout d’abord, le paysage des menaces évolue rapidement. Les cyberattaques se multiplient, qu’il s’agisse de malwares, de ransomwares ou d’injections SQL. Or chaque brèche est potentiellement dévastatrice, entraînant vols de propriété intellectuelle et fuites massives de données personnelles. 

Ensuite, les utilisateurs finaux sont de plus en plus sensibles aux questions de sécurité et de respect de leur vie privée. Un incident entache durablement la réputation d’une marque et la confiance des clients. A contrario, démontrer la robustesse de ses applications est désormais un argument commercial de poids.

Enfin, les régulateurs renforcent les exigences en matière de cybersécurité, à l’image du RGPD en Europe. Tout manquement expose donc également à des sanctions financières salées. 

Dans ce contexte, les éditeurs de logiciels n’ont d’autre choix que de faire de la sécurité une priorité absolue. Et cela passe avant tout par l’adoption d’une programmation défensive et proactive, laquelle réduit considérablement les surfaces d’attaque. Négliger le secure coding dans le développement, c’est prendre le risque inconsidéré de lancer un logiciel fondamentalement poreux et vulnérable.

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Comment programmer de manière sécurisée ?

1. Valider rigoureusement les entrées 

Les insuffisances de validation des données en entrée constituent l'une des principales portes d'entrée aux cyberattaques. L'enjeu réside dans la capacité à distinguer en amont inputs légitimes et intrusifs. 

Tout d'abord, des filtres de validation s'imposent sur les données issues de formulaires, d’APIs et autres interfaces. L'objectif consiste à intercepter injections SQL, scripts entre sites ou commandes systèmes malveillantes. Des librairies dédiées facilitent la mise en œuvre de ces protections.

Par ailleurs, il importe de répertorier en amont les sources d'inputs considérées fiables. Une interface backend produite en interne diffère ainsi d'une API publique. Selon l'origine, les contrôles requis diffèrent pour valider intégrité et conformité. 

Enfin, le principe de moindre privilège s'applique aux données comme aux accès. Chaque élément du code ne doit manipuler que les données strictement nécessaires à sa tâche. Ce cloisonnement accroît la sécurité globale de l'application.

2. Privilégier la simplicité

La complexité excessive fragilise la robustesse d'une application. Le bon sens commande ici de restreindre le code au strict nécessaire.  

En premier lieu, limiter les dépendances entre composants et minimiser les flux de données internes réduit les vulnérabilités potentielles. Chaque ligne de code supplémentaire ouvre la porte à des failles supplémentaires.

Dans le même ordre d'idée, se focaliser sur les fonctionnalités cœur de valeur ajoutée évite d'introduire des risques annexes. Une feature secondaire rarement sollicitée expose plus qu'elle n'apporte si elle n'est pas parfaitement sécurisée.

3. Chiffrer les données sensibles

Les informations sensibles exigent un chiffrement robuste, au repos comme en transit. Seuls des algorithmes et des clés certifiées à l'état de l'art garantissent une protection pérenne. 

Côté algorithmes, AES 256 bits s'impose pour le chiffrement de données statiques quand RSA ou ECC conviennent pour les échanges. Les clés doivent afficher une taille minimale de 2048 bits. Et leur cycle de renouvellement régulier demeure incontournable.

Par ailleurs, la génération de nombres aléatoires s'appuiera sur des générateurs cryptographiques certifiés plutôt que sur des fonctions mathématiques vulnérables. Ces dernières ne présentent pas une entropie suffisante, facilitant les attaques en force brute.

4. Traiter les erreurs et journaliser

La résilience d'une application tient pour beaucoup à sa réactivité face aux dysfonctionnements. 

Des points de contrôle dans le code permettent de détecter tout comportement inattendu : entrées invalides, dépassement de tampons, requêtes interrompues etc. Dès qu'une erreur se produit, des gestionnaires spécifiques doivent notifier les administrateurs.

Quant à eux, les journaux d'événements facilitent l'investigation approfondie des erreurs. Horodatage, users impactés, messages d'exceptions… tous ces éléments aident à diagnostiquer puis corriger les failles responsables des incidents.

Attention toutefois à ne jamais répliquer dans ces journaux des données confidentielles comme mots de passe, emails ou informations personnelles. De telles négligences offriraient aux pirates les clés d’entrée en cas de compromission des logs !

5. Compléter par des actions continues

Au-delà des bonnes pratiques de code, assurer la sécurité dans la durée requiert des efforts permanents de testing et de veille technologique.

En cela, des campagnes régulières de tests d'intrusion permettent de traquer les vulnérabilités avant leur exploitation. Elles valident aussi l'efficacité des patchs de sécurité déployés suite à des failles découvertes.

En outre, la sensibilisation constante des équipes aux risques cyber demeure également indispensable. Sessions de formation, rappels des procédures… Il s'agit de cultiver en continu une posture préventive face aux menaces.

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En conclusion

La programmation sécurisée constitue donc un impératif incontournable à l’ère des cybermenaces généralisées. Cette dernière couvre toutes les étapes du développement logiciel, de la validation des inputs à la réponse aux incidents en production.

Au-delà des aspects techniques, le secure coding repose aussi sur une culture du risque et une posture préventive à instiller chez chaque développeur. Car la sécurité se joue d’abord dans la rigueur du quotidien avant d’exiger des protections à l’état de l’art. Formation, testing continu et veille sur les dernières réglementations complètent le panel des mesures clefs.

S’il ne constitue pas une garantie absolue à 100%, le respect des normes du secure coding réduit néanmoins drastiquement la probabilité de vulnérabilités exploitables. Face à des cybermenaces en constante mutation, renforcer la résilience des applications s’impose plus que jamais pour assurer la pérennité du business et la confiance des utilisateurs dans le numérique.

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Commentaire (1)

yanolezard
Bonjour à toutes et à tous, Vaste question et merci de nous l'avoir posée, si tant est que l'on puisse y répondre brièvement. Encore une expression toute droite sortie d'un chapeau : "secure coding" (une nouvelle formule pour excuser une nième fois les développeurs en mal de connaissances de sécurité .... ben oui, il faut analyser rapidement, développer vite, coder encore plus vite, délivrer "façon TGV" à un client toujours aussi avare. Pour certains (et pour d'autres), on fait du "secure coding" depuis aussi longtemps que Mr Jourdain faisait de la prose en son temps ... nous n'avons pas attendu l'arrivée des "nuages" et des termes barbares de l'Agilité .... nous avons franchi les étapes une par une, un pas après l'autre, en se formant régulièrement dans ce domaine si vaste de la "cyber"sécurité, sur toutes les couches (comme le modèle OSI en comparaison), mais il semblerait qu'il y ait une certaine désaffection pour la formation (du moins, pour la remise en cause permanente et humble des participants). L'ANSSI et d'autres associations existent et produisent des excellents guides en tous genres, on trouve des référentiels ISO/IEC, des bases OWASP (API, AI, WEB, ...) ... commençons d'abord par les récupérer, les lire, les comprendre, les analyser ...jusqu'au bout, entrecouper et/ou recouper avec les différentes spécificités règlementaires (NISv2, DORA, RGPD, CRA, AI Act, e-privacy, ... ) avant même que la moindre instruction ne puisse voit le jour. Je ne vais pas faire de la prose inutile : développer, intégrer, tester, recetter, charger, délivrer, contrôler, valider, tamponner ... avec sérieux, ne serait-ce que cela, on y verrait déjà plus clair ... sans oublier, évidemment, le "Security by design" et non "by default". Merci. Yanolezard

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