Cobol, un langage démodé ?
En contemplant les architectures numériques d'aujourd'hui, on pourrait aisément oublier le rôle de certains acteurs historiques dans la construction du paysage informatique moderne. Parmi eux, le COBOL se dresse, non pas comme une relique, mais comme un monument témoignant d'une époque où la programmation se façonnait différemment. Au sein d'une époque technologique marquée par des langages tels que Python, JavaScript ou Rust, la pertinence du COBOL intrigue et suscite la curiosité. Examinons, dès lors, ce qui rend ce langage aussi résilient et pertinent, et pourquoi, contrairement aux idées reçues, il n'appartient pas encore aux pages d'histoire de l'informatique.
Cobol : historique rapide sur un langage d’un autre temps
Le COBOL, acronyme de « COmmon Business-Oriented Language », a vu le jour dans les années 1950 et a été conçu dès l'origine pour répondre aux besoins spécifiques du traitement des données commerciales. Il a été imaginé par un comité dirigé par la grande pionnière de l'informatique, Grace Hopper, avec l'ambition de rendre la programmation accessible à des utilisateurs issus de domaines d'affaires plutôt que strictement techniques.
La philosophie de ce langage repose sur sa lisibilité, ses instructions ressemblant davantage à de l'anglais ordinaire qu'à un langage machine complexe. Cette approche visait à permettre une meilleure communication entre les départements IT et les départements métiers, en éliminant de facto les barrières linguistiques couramment rencontrées dans les autres langages de programmation.
Le COBOL est rapidement devenu le langage de prédilection pour le développement de systèmes financiers, de gestion des ressources humaines et d'autres applications d'entreprise importantes. Au fur et à mesure des décennies, son empreinte a pris racine au sein des grandes entreprises et administrations, assurant ainsi sa pérennité malgré l'émergence de nouvelles technologies et l'évolution rapide du paysage informatique.
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Comment fonctionne Cobol ?
Structuré et hiérarchisé, Cobol présente une syntaxe proche de l'anglais, facilitant ainsi sa compréhension. Néanmoins, sa construction nécessite une rigueur méthodologique due à son organisation en divisions spécifiques (mainframe).
Divisions. Un programme COBOL est généralement segmenté en quatre divisions principales :
Identification Division : elle déclare le nom du programme et d'autres métadonnées.
Environment Division : elle spécifie les configurations de l'environnement informatique, telles que les fichiers sources et les dispositifs utilisés.
Data Division : elle gère toutes les déclarations de variables, les structures de données, et les fichiers.
Procedure Division : le cœur du programme. C'est ici que le logiciel est codé, en utilisant des verbes pour spécifier les actions (ex : READ, WRITE, MOVE).
Syntaxe et sémantique. La syntaxe du COBOL est proche de l'anglais, ce qui rend ses instructions reconnaissables. Par exemple, un déplacement de données d'une variable à une autre se fait simplement en utilisant le verbe
MOVE
.Fichiers et enregistrements. COBOL manipule fréquemment de grands fichiers de données, avec des structures d'enregistrements complexes. Ces fichiers peuvent être séquentiels, indexés ou relatifs, offrant une grande flexibilité dans la gestion des données.
Exemple de code COBOL :
IDENTIFICATION DIVISION.
PROGRAM-ID. HelloWorld.
ENVIRONMENT DIVISION.
INPUT-OUTPUT SECTION.
FILE-CONTROL.
DATA DIVISION.
FILE SECTION.
WORKING-STORAGE SECTION.
01 WS-HELLO-WORLD PIC X(13) VALUE « HELLO, WORLD! ».
PROCEDURE DIVISION.
DISPLAY WS-HELLO-WORLD.
STOP RUN.
Ce code, en dépit de sa simplicité, donne un aperçu du fonctionnement basique de COBOL. Dans cet exemple, le programme affiche tout simplement le message « HELLO, WORLD! » à l'écran. Notez l'organisation claire en divisions, ainsi que l'utilisation d'instructions descriptives, typique du COBOL.
Pourquoi Cobol est-il toujours utilisé ?
Malgré l'avènement de langages de programmation plus récents et parfois plus agiles, le COBOL demeure un acteur majeur dans l'industrie IT pour diverses raisons :
Stabilité éprouvée. Les systèmes développés en COBOL ont souvent été conçus pour des missions critiques et ont prouvé leur robustesse au fil des décennies. Changer ces systèmes nécessiterait d'importants investissements financiers et humains, ainsi qu'une prise de risque souvent jugée inutile.
Optimisation pour le traitement transactionnel. COBOL excelle dans la gestion des transactions de grande envergure. Ses capacités intrinsèques en matière de traitement de données en font un choix privilégié pour les secteurs financiers ou administratifs, où la moindre erreur peut s'avérer coûteuse.
Coûts de migration élevés. Migrer des applications COBOL vers d'autres langages ou plateformes représente un projet colossal. La complexité des systèmes, couplée à l'absence de documentation ou de connaissances internes, rend cette migration périlleuse et (très) onéreuse.
Manque de compétences disponibles. Paradoxalement, le déclin des formations en COBOL a créé une rareté des compétences, renforçant la nécessité de maintenir les systèmes existants. Les entreprises se trouvent souvent dans une situation où il est plus rentable de conserver leurs systèmes COBOL plutôt que d'entreprendre une migration sans les experts adéquats.
Finalement, le COBOL, loin d'être une antiquité technologique, est toujours considéré comme un outil fiable et performant pour certaines applications, et les raisons économiques, techniques, et humaines expliquent en grande partie sa longévité.
Qui utilise encore Cobol ?
On l’a vu, le COBOL est toujours en service dans de nombreuses organisations à travers le monde. Sa robustesse, sa stabilité et sa capacité à traiter d'immenses volumes de données le maintiennent toujours en première ligne.
De nombreuses banques et sociétés d'assurance continuent de s'appuyer sur le COBOL pour leurs systèmes principaux, surtout pour des applications critiques telles que les systèmes de gestion des comptes, les prêts ou les traitements transactionnels.
De plus, plusieurs gouvernements et administrations à travers le monde exploitent toujours des applications COBOL, notamment pour la gestion des retraites, la sécurité sociale, les impôts et autres fonctions essentielles de l'État.
Enfin, dans le secteur du transport aérien, certains systèmes de réservation de billets, de gestion des bagages et d'autres processus opérationnels sont souvent basés sur des briques COBOL.
Comment se former à Cobol ?
Pour s'y initier, quelques options existent : certaines universités et écoles d'ingénieurs intègrent le COBOL à leur cursus. Des formations professionnelles intensives sont également disponibles.
Pour ceux qui préfèrent l'autonomie, des ressources en ligne, comme Udemy ou Coursera, proposent des modules spécialisés. La participation à des groupes d'utilisateurs COBOL peut aussi enrichir l'apprentissage.
Alors, prêt à s’y mettre ?
Romain Frutos, rédacteur passionné par l’IT et les nouvelles technologies
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