Écoconception web : définition et bonnes pratiques !
L’écoconception web vise à réduire l’impact environnemental des sites et applications. À l’heure où la pollution numérique représente pas moins de 4 % des émissions de gaz à effet de serre mondiale, le développement d’une informatique verte devient une préoccupation environnementale, mais aussi sociétale. Les acteurs du numérique intègrent de plus en plus le green IT dans leur stratégie et politique RSE. Cet engagement en faveur d’un numérique responsable concerne tous les secteurs d’activité. Le dernier exemple en date est l’écocode Challenge organisé par le Crédit Agricole, qui a récompensé des équipes de développeurs capables de maîtriser et réduire l’empreinte carbone de logiciels. Mais en quoi consiste vraiment l’écoconception web et surtout comment la mettre en pratique ? Découvrez-le dans cet article.
Qu’est-ce que l’écoconception web ?
L’écoconception web est d’abord une approche définie par le Green IT, un collectif d’experts du numérique responsable. Elle vise à réduire l’empreinte carbone des sites et logiciels grâce à un ensemble de bonnes pratiques qui concernent aussi bien le développement, que la conception, le déploiement et la maintenance des solutions numériques.
Les sites web et applications écoconçus se veulent plus :
efficients c’est-à-dire qu’ils consomment moins de ressources pour des performances identiques à un site web classique ;
« frugales » en limitant la couverture fonctionnelle à son strict minimum ;
simples dans le sens où il favorise l’expérience utilisateur (UX) en couvrant chaque besoin par un ensemble de fonctionnalités homogène et cohérent ;
pertinents pour accélérer la réponse aux besoins (en évitant les multiples navigations) ;
accessibles.
L’écoconception web est souvent confondue avec la sobriété numérique dont elle fait partie. Mais le concept de sobriété numérique est plus large et englobe notamment la modération des usages numériques quotidiens avec un renouvellement plus responsable des équipements et terminaux (recyclage, achats reconditionnés, etc.) et une responsabilisation sur la réduction de l’impact numérique.
Le mouvement de l’écoconception des services digitaux a été lancé en 2009 par le Green IT, un collectif d’acteurs du numérique responsable qui travaillent principalement sur l’écoconception des services numériques, la sobriété numérique, et la low-tech. Le collectif publie régulièrement des articles, formations, guides et bonnes pratiques pour écoconcevoir les sites web et développer un numérique alternatif plus responsable.
Comment écoconcevoir un site web ?
Écoconcevoir un site ou une application consiste à réduire la quantité de moyens informatiques nécessaires (aussi bien les équipements physiques et le réseau ou bande passante), tout en conservant le même niveau de qualité et de performance.
Cette écoconception intervient à chaque étape du cycle de vie du site depuis l’expression du besoin jusqu’au déploiement et aux maintenances. Écoconcevoir un site s’apparente à suivre une démarche méthodologique inspirée du standard ISO 14062. Cette norme définit les pratiques et concepts ayant trait à l’intégration des aspects environnementaux dans la conception et le développement de produits ou services.
Pour les services numériques, il s’agit, dès l’expression du besoin, de définir clairement (et uniquement) les fonctionnalités qui seront nécessaires. On parle généralement d’unité fonctionnelle ou de service rendu. Ensuite, il faut concevoir des solutions numériques en prenant en compte leur consommation de ressources (réseau, serveur, etc.) grâce notamment à des indicateurs environnementaux. Enfin, écoconcevoir une application implique d’adopter une démarche d’amélioration continue (aussi bien au niveau des performances que de l’UX, des choix techniques, etc.).
Concrètement, écoconcevoir un site ou une application repose sur un ensemble de choix responsables, de green computing et de bonnes pratiques. Le collectif Green IT a d’ailleurs publié un ouvrage dédié aux 115 bonnes pratiques d’écoconception web.
Les bonnes pratiques d’écoconception web
Selon le Green IT, les bonnes pratiques d’écoconception web s’articulent autour de 6 grands axes.
1 - La conception
La conception d’une solution informatique est l’étape qui joue le rôle le plus important en termes de réduction des impacts environnementaux. C’est à ce stade que sont définies les fonctionnalités et où elles peuvent être apurées afin de ne conserver que les plus essentielles.
Lors de cette étape, les bonnes pratiques vont être aussi bien fonctionnelles que techniques. On y retrouve notamment :
la quantification précise du besoin ;
le maquettage d’une charte graphique et d’un design simples et épurés ;
la mise en place d’une approche Mobile First ;
le choix de technologies, CMS et frameworks adaptés.
2 - L’intégration
L’intégration est l’étape où les maquettes sont traduites en langages de programmation (CSS, HTML et JS principalement) pour être interprétables par les navigateurs web.
Les choix faits lors de cette étape ont également des conséquences majeures sur l’écoconception du site. Des exemples de bonnes pratiques d’intégration sont :
la génération de spritesheets ;
l’ajout systématique d’un CSS print ;
la limitation des images et le recours à d’autres formats (webp, glyphes, etc.) ;
l’externalisation du CSS et du JS ;
la validation de l’ensemble des pages auprès du W3C.
3 - Le développement front-end
Le front-end désigne l’ensemble des éléments visibles et accessibles directement sur un site web. On parle également d’interfaces ou IHM. Les bonnes pratiques côté front-end concernent :
la limitation des traitements JavaScript complexes (notamment les animations) ;
la simplicité du DOM et sa stabilité ;
l’utilisation et l’optimisation des systèmes de cache ;
des conventions de codage (optimisation des boucles, utilisation de variables locales, etc.).
4 - Le développement back-end
Le back-end d’un site regroupe le serveur et le système de gestion de bases de données (SGBD). C’est donc la partie qui contrôle les performances du site et qui est généralement déjà optimisée pour limiter les latences et surcharges. Mais, dans l’écoconception, ces optimisations vont plus loin pour atteindre un niveau d’efficience maximal. Les bonnes pratiques impliquent entre autres :
l’utilisation d’un moteur de templating ;
l’optimisation de la gestion de la mémoire ;
l’optimisation des requêtes SQL ;
la limitation des connexions à la BDD ;
l’utilisation de procédures stockées.
5 - L’hébergement du site
Au stade du déploiement et de l’hébergement du site, la bonne pratique d’écoconception la plus connue est de sélectionner un hébergeur vert. Mais ce n’est pas la seule optimisation possible. À ce stade, le Green IT propose près d’une trentaine de bonnes pratiques supplémentaires dont :
la minification et la combinaison des fichiers CSS et JS ;
l’activation du HSTS (HTTP Strict Transport Security) ;
l’intégration de caches dans la RAM ;
le recours à des serveurs asynchrones.
6 - Le contenu
Le contenu du site désigne ici tous les éléments téléchargeables ou imprimables (articles de blog, vidéos, etc.) ainsi que les mails.
Les bonnes pratiques vont concerner l’optimisation de ces contenus avec
la compression des documents ;
l’adoption des textes, vidéos et images au web ;
l’utilisation du texte brut au lieu du code HTML en particulier pour les mails, alertes et messages de confirmation.
L’ensemble de ces bonnes pratiques aide à réduire le poids des pages web qui a été multiplié par près de 115 en 20 ans. Au-delà de l’aspect environnemental et des performances, l’écoconception devient aussi un enjeu de communication pour les entreprises.
En tant que développeur ou professionnel de l’IT avez-vous déjà écoconçu un site ou une application ? Connaissez-vous d’autres bonnes pratiques et ressources à partager ? N’hésitez pas à nous les partager en commentaire ou sur le forum Free-Work.
Par Laura Pouget, Rédactrice Web SEO & Développeuse Informatique.
Source et lien utiles :
Commentaire
Connectez-vous ou créez votre compte pour réagir à l’article.