Le low-code : un risque pour les freelances IT ?
Ces dernières années la création d’application a été largement simplifiée. Le développement low-code permet aux non programmeurs de créer facilement des logiciels et sites personnalisés depuis des environnements visuels et intuitifs. Selon le cabinet Gartner, la création d’applications low-code devrait concerner plus de 65 % des fonctionnalités de développement d’ici 2021. En 2024, 66 % des entreprises utiliseront au moins 4 plateformes de low-code telles que Appmaker, Simplicité ou Caspio. Le développement du cloud favorise également la croissance des « aPaaS », ou « Application Platform As a Service » permettant de créer visuellement des processus métiers et workflows. Alors le low-code représente-t-il une menace pour les emplois des freelances IT ?
Les avantages du low code
L'agilité est le premier argument en faveur du développement low-code. Il est, en effet, plus rapide de créer des applications low-code à l'aide de modules prédéfinis et de modèles « WYSIWYG » pour « what you see is what you get », c’est-à-dire des interfaces permettant de composer visuellement le résultat attendu. Le temps associé aux tâches de développement se voit donc réduit.
De plus, la plupart des plateformes low-code sont disponibles dans le cloud, ce qui automatise également la plupart des processus tels que :
- l'itération des applications,
- le partage et la collaboration des réalisations,
- l’hébergement et le déploiement.
Enfin, les plateformes de code low-code incluent généralement des « AML » pour « Application LifeCycle Management ». Ces outils offrent la possibilité de gérer l’ensemble du cycle de vie d’une application depuis sa conception jusqu’au déploiement en passant par sa planification, sa réalisation et même les phases de test.
Un autre avantage mis en avant dans le low-code est la réduction des coûts. Les solutions low et no-code devraient permettre aux « non initiés » de développer tous types de logiciels, applications ou sites. Cependant, pour les usages les plus avancés de telles solutions montrent leurs limites.
Low et no Code, l’avenir du développement
Les low et no-code présentent de nombreux avantages avec en premier lieu la possibilité d’ouvrir le développement à des utilisateurs non professionnels. L’essor de ces plateformes remet donc en question la manière dont les applications sont créées. Alors peuvent-elles vraiment remettre en cause le domaine du développement informatique et de l’IT ?
Selon Thomas Stiehm, directeur technique d’un cabinet de conseil Agile et DevOps, le low-code a « une place dans le futur et sera mis à profit pour créer de nombreuses applications. Cependant, il ne remplacera pas d'autres façons de créer des logiciels car le low-code ne suffit pas lorsque la complexité de la solution augmente ». Le dirigeant fait un parallèle avec Visual Basic (VB) un langage de programmation événementielle ainsi qu’un environnement de développement intégré lancé dans les années 1990. Les programmes en VB peuvent être intégralement conçus à l’aide de composants pré-développés. Pourtant, plus de 20 ans plus tard, VB est loin d’avoir éclipsé les autres langages de programmation.
Si les plateformes low-code simplifient le développement, elles demandent généralement une base de connaissance en programmation notamment pour la création de personnalisations ou de fonctionnalités avancées. En ce qui concerne les projets complexes, les méthodes de codage traditionnelles restent irremplaçables. Les applications volumineuses demandent des développeurs et outils professionnels pour concevoir, créer et tester des algorithmes complexes tout en prévenant les failles de sécurité et en optimisant les performances.
Une tendance au no-code pas si récente
Selon la société de recherche informatique Forrester, en 2019 déjà plus d'un tiers des développeurs utilisaient des plateformes et des produits low-code. La crise sanitaire de 2020 a accentué cette tendance car les entreprises ont eu besoin, en urgence, de numériser leur processus métier et supports organisationnels.
Toujours selon Forrester, la communication de Microsoft autour de ses plateformes gratuites Power Apps, Power Automate, Power BI et Power Virtual Agents a également consolidé la croissance du low-code.
Et cette tendance devrait encore s’accentuer avec le rachat par Google début 2020 d'AppSheet, une plate-forme de création d'applications mobiles Avec ce rachat, la firme californienne a pour objectif de proposer aux entreprises de créer des applications mobiles sans avoir à taper une seule ligne de code. Mais, avant cette acquisition, AppSheet existait déjà depuis plus de huit ans sans influence sur le marché de l’emploi dans ce secteur. Le domaine de l’IT reste très dynamique et ouvert. Certaines de ces branches, comme l’IA devraient même connaître des pénuries de talents d’ici 2023.
De nouvelles opportunités dans le secteur IT
Loin d’être un risque pour les freelances IT, l’essor du low code pourrait, au contraire, être une source de productivité et même de nouvelles opportunités pour les développeurs mais également pour l’ensemble des professionnels et freelance IT.
En effet, les plateformes de low-code permettent de standardiser le code. Elles peuvent fournir aux différents développeurs des blocs prédéfinis facilitant à la fois le travail en équipe et simplifiant l’écriture des applications complexes. Le low-code demande également une courbe d’apprentissage réduite, facilitant l’intégration de nouvelles personnes dans les équipes de développement.
Avec leurs avantages, les plateformes de low-code peuvent de plus être un point d’entrée pour les plus petites structures qui ne priorisent pas l’emploi de professionnels IT. En leur permettant de tester plus rapidement et simplement les effets de la digitalisation sur leur productivité, elles peuvent remettre l’IT au centre des stratégies de développement des entreprises.
Enfin comme n’importe quelle application, les sites et logiciels low-code demandent une maintenance, des correctifs et une surveillance régulière. Pour les produits développés par des « non initiés », des audits de performances et de sécurité peuvent être rapidement et régulièrement nécessaires. Ainsi, en 2019, 31% des entreprises, pourtant adepte du low-code, ne l’utilisaient pas pour créer et livrer des applications métiers ou des applications pour leurs clients par crainte des failles de sécurité.
L’essor du low-code ne constitue donc pas une menace pour les freelances IT mais s’inscrit logiquement dans le dynamisme et l’évolution constante du marché de l’IT.
Et vous, avez vous eu l’occasion de travailler avec des plateformes low-code ? N’hésitez pas à nous faire part de vos impressions sur le forum.
Sources :
Rapport de Gartner sur la croissance du Low Code : https://www.gartner.com/en/newsroom/press-releases/2021-02-15-gartner-forecasts-worldwide-low-code-development-technologies-market-to-grow-23-percent-in-2021
Rapport de Forrester sur « Quand et comment moderniser les applications de base à l'aide de plates-formes Low-Code » : https://www.forrester.com/report/When+And+How+To+Modernize+Core+Applications+Using+LowCode+Platforms/-/E-RES155943?objectid=RES155943
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