Devenez « Freelance for Good »
Coline Didier est co-fondatrice de Social Declik, une structure qui aide les indépendants à travailler pour des entreprises à impact positif sur le développement durable. Elle nous parle de son programme de formation Freelance For Good destiné aux freelances qui veulent donner plus de sens à leur activité professionnelle. Interview.
Free-Work : Qu'est-ce que Social Declik ?
L'idée de Social Declik est de créer du lien entre les entreprises à impact et les freelances. Au départ, nous avons voulu aider, Charlotte Lischer et moi, des amis freelances qui étaient en quête de sens dans leur travail, notamment pour mieux choisir leurs clients et leurs missions. Coline Didier
L'idée est d'aider les freelances à travailler avec les entreprises à impact ou issues de l'ESS (Economie Sociale et Solidaire). Nous avons co-fondé la structure Social Declik il y a 3 ans, en 2020. Aujourd'hui Social Declick est une SAS (Société par Actions Simplifiée) avec l'agrément ESUS (Entreprise Solidaire d'Utilité Sociale).
Qu’appelez-vous une « entreprise à impact » ?
C'est une entreprise qui a un impact positif sur l'environnement, la société, les humains. La notion d'entreprise à impact est plus large que celle de l'ESS. Ce qu’on appelait ESS auparavant regroupait uniquement les associations, les coopératives, les mutuelles et les fondations. Depuis 2014, le secteur a été élargi à toutes les entreprises qui ont l'agrément ESUS, et en 2019, les entreprises à mission ou qui ont une raison d'être dans leur statut. Plus largement, ce sont des entreprises qui œuvrent à réaliser un des 17 ODD (Objectifs de Développement Durable) définis par l'ONU (Organisation des Nations Unies).
Comment les freelances peuvent-ils mettre plus de sens dans leurs missions ?
On passe environ 80 000 heures de sa vie à travailler, donc autant le faire pour la bonne cause ! En premier lieu, un freelance peut choisir des clients qui œuvrent pour l’environnement ou le social. Vous pouvez choisir avec qui vous voulez travailler, réorienter votre prospection commerciale autrement.
Mon conseil : commencer par réfléchir aux enjeux qui vous animent profondément, car il y a des sensibilités différentes selon les individus, pour choisir les causes que vous voulez défendre.
Ensuite, il faut lister les structures qui défendent ces causes, comprendre quels sont leurs besoins en leur posant la question, faire des interviews et essayer de les rencontrer sur des événements. Faire du réseau est essentiel pour travailler dans ce secteur ! Il existe aussi des plates-formes spécialisées comme Jobs that Make Sens pour « trouver un emploi à impact positif » ou des réseaux de mise en relation comme Social Declik.
Mais est-ce que ces entreprises ont vraiment besoin des compétences des freelances IT ?
Il y a effectivement des a priori négatifs des freelances IT vis-à-vis des entreprises à impact. Les deux préjugés qui ressortent le plus sont : « les structures de l’ESS n’ont pas besoin de mes compétences IT » et « elles n'ont pas d'argent pour les payer. » Détrompez-vous ! Les entreprises à impact ont de gros besoins en numérique, car elles sont en retard par rapport à d'autres secteurs et parce qu’elles manquent de compétences techniques en interne.
Et pour l’argent ? Peut-on gagner aussi bien sa vie en travaillant pour des entreprises à impact ?
Pour l’argent, c'est vrai qu’elles n’ont pas autant de budget que les grands groupes du CAC 40, mais le secteur est extrêmement varié. On y trouve aussi des start-ups qui font des levées de fonds, des grosses associations nationales ou des ONG (Organisations Non Gouvernementales) internationales.
« Freelances engagés » ne rime pas forcément avec « fauchés comme les blés » ! Il est possible de gagner sa vie en travaillant pour des entreprises à impact, même si on peut avoir tendance à diminuer ses prix pour s’adapter à ce marché. Je conseille cependant de ne pas trop baisser son TJM (Taux Journalier Moyen) : il doit rester acceptable pour les freelances.
Lancer son activité dans ce secteur met plus de temps que dans le secteur classique. Mais on peut passer de l’un à l’autre progressivement : commencer à prendre une ou deux missions à impact positif, en conservant des missions habituelles, puis de plus en plus jusqu’à n’avoir plus que des missions à impact.
Au-delà du chiffre d’affaires, les freelances qui travaillent pour des entreprises à impact disent souvent qu’ils se sentent « réalignés », entre leurs actions personnelles et leur travail au quotidien. Et cela n’a pas de prix !
Le numérique lui-même a un impact sur l’environnement. Comment les freelances IT peuvent-ils le diminuer ?
Pour les métiers numériques, il faut effectivement se poser la question de l'impact de son métier. Le numérique produit de 3 % à 4 % des émissions mondiales de GES (Gaz à Effet de Serre), autant que l’aviation ! Les freelances IT peuvent changer leurs pratiques pour qu’elles soient plus positives. Par exemple passer à l’éco-conception de sites web ou d’applications. Un des premiers piliers de l’éco-conception est la frugalité, c’est-à-dire de ne pas ajouter de fonctionnalités inutiles, de choisir un hébergeur plus vert, de réduire le site pour qu'il soit moins lourd, etc. Vous pouvez consulter le guide d'écoconception de services numériques conçu par l’association des Designers éthiques.
Ils peuvent aussi veiller à l’accessibilité des handicapés sur les sites ou appli, s’assurer que les contenus soient inclusifs (photos représentant la diversité, écriture inclusive), etc.
Enfin, une grosse partie de l'impact du numérique est due à la fabrication de l'équipement. On a déjà 34 milliards d'équipements numériques dans le monde qui ont nécessité d’extraire des matériaux rares avec des méthodes polluantes, sans compter l’obsolescence programmée et les difficultés de recyclage. Donc réduisez vos achats de matériel informatique !
Social Declik propose un programme de formation Freelance for Good. En quoi consiste-t-il ?
Le programme Freelance for Good est une formation qui s’adresse à tous les indépendants, quel que soit l’état d’avancement de leur projet. Il accueille quasiment autant de personnes qui se lancent en freelance après un CDI (Contrat à Durée Indéterminée), que de personnes qui sont encore en poste salarié ou de personnes qui sont déjà freelances. Les participants sont issus de tous les secteurs, mais il y a une part importante, entre 40 % et 50 %, qui travaillent dans le secteur IT comme des développeurs.
Le programme de formation à la création d’activité indépendante dure 6 semaines, avec 4 modules différents : un module sur le secteur à impact pour mieux comprendre les différentes entreprises et labels, un module sur sa vision personnelle, un module sur l’étude de marché et un module sur le plan d’action commerciale. On part avec une méthodologie concrète, des outils et un réseau.
La formation est payante, avec des tarifs différents en fonction du nombre d’heures d’accompagnement personnalisé par Charlotte et moi-même, notamment pour la prospection : 890 € (sans accompagnement), 1 290 € (3 heures d’accompagnement) ou 1 490 € (5 heures d’accompagnement). Ce coût est finançable par les OPCO (Opérateurs de Compétences), mais pas par le CPF (Compte Personnel de Formation).
La prochaine session démarre le 8 janvier 2024, fermeture des inscriptions le 14 décembre.
Donc dépêchez-vous de vous inscrire !
En savoir plus sur l’impact du numérique sur l’environnement :
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