Marché IT sous tension : option CDI, vous y pensez ?

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Rares sont les carrières linéaires et à statut durable. Envisager d’alterner entre les statuts de freelance, d’entrepreneur et de salarié est devenu une option ! Seulement, quel en est le prix ? Il y a toujours un « coût » pour franchir la rive. Qu’est-ce qui peut bien nous pousser à passer le cap ? Dans un marché aujourd’hui difficile, je suis allée à la rencontre de Marc Bagur.

Qu’est-ce qui t’a marqué dans ta vie professionnelle ?

J’évolue dans le secteur de la tech depuis plus de 20 ans. J’ai été, à différentes périodes, programmeur, souvent business developer, régulièrement consultant, intégrateur de solutions et, aujourd’hui, formateur et entrepreneur. Actuellement, je suis intégré à l’écosystème numérique et tech de Bordeaux en tant que freelance et entrepreneur. Ce qui me marque, c’est que l’alternant permanent, c’est moi !

Tu es passé trois fois de freelance à CDI, que s'est-il passé ?

Ah ah ! Oui ! Que s’est-il passé ? Dans la vie, tout ne se déroule pas toujours comme prévu. Mais ce qui déclenche le changement est souvent une affaire d’opportunités... mais pas seulement. Le choix de revenir en CDI est aussi un choix de vie et d’état d’esprit.

Évidemment, certaines périodes de la vie sont marquées par un besoin de confort, de certitudes, que le sésame du CDI peut apporter. N’oublions pas que le système actuel est organisé autour du CDI, ne serait-ce que pour obtenir un prêt ! Mais ce que je retiens après toutes ces années, c’est qu’être freelance, c’est d’abord faire le choix d’un coût énergétique important : dans l’adaptation permanente, dans la compétition et face à la complexité. À moins d’avoir des contrats de longue durée stables, de type régie. Mais combien sommes-nous à en profiter ? Trop peu.

En réalité, en freelance, nous sommes notre propre usine ! On se construit et on s’alimente soi-même. On est agile, mais fragile. Le réseau, la solidarité et l’entraide sont des leviers stratégiques. Et puis parfois, cela ne suffit plus, et il y a des moments où l’on ressent le besoin de retrouver un peu de sécurité pour mener à bien des projets personnels.

À chaque fois que tu as fait ce choix, qu’as-tu retenu de l’expérience ?

Au moment du recrutement, j’ai vite compris que le défi était de créer de la confiance avec l’employeur, qui peut rapidement être impressionné par un CV « trop » large, « trop » complet, « trop » riche ! Bigger than life ou bigger than work. J’ai toujours pris soin de rédiger un CV personnalisé pour chaque poste, afin de me focaliser sur les expériences ayant un lien avec la mission décrite. Il faut répondre très attentivement aux attendus.

Il m’est d’ailleurs arrivé de concevoir des « matrices de conformité » entre mon CV et une offre, afin de maximiser mes chances ou de deviner les éventuels problèmes qui pourraient surgir après l’onboarding. Une fois recruté, je dois reconnaître que, systématiquement, durant les premiers mois, je me suis senti, malgré tout, sous-exploité.

En tant que freelance, nous développons une large panoplie de compétences et nous sommes habitués à faire face à des situations complexes où nous puisons dans nos ressources personnelles. Il est certain que « la fiche de poste » nous contraint la plupart du temps à un périmètre et à un champ d’actions plus réduits ! La performance attendue en tant que salarié est souvent évaluée par des ROI très directs, alors que le freelance vétéran travaille souvent sur plusieurs tableaux et sait paralléliser les ROI : directs, indirects, périphériques…

Quels conseils donneriez-vous à un développeur dont le métier est annoncé comme « en voie de disparition » ?

Je suis plutôt convaincu de sa transformation radicale, plutôt que de sa disparition. Je recommande de mettre son ego de côté et d’expérimenter de nouveaux outils pour gagner en compétences, en culture et en productivité. Nous vivons une rupture dans les usages, et il vaut mieux les anticiper que les subir. Être freelance dans la tech, c’est prendre soin de ses compétences et entretenir sa valeur en étant pionnier dans une expertise différenciante. La singularité réside également dans notre capacité à observer les points de douleur d’une organisation et à savoir y répondre efficacement grâce à une forte expérience des outils et une bonne connaissance des acteurs du marché.

En tant que développeur, si la voie du CDI est envisagée, je conseille de s’intéresser à l’IA afin de consolider la valeur de son métier et d’éviter une érosion due à une tendance technologique très forte actuellement. De nombreuses opportunités se présentent dans ce domaine, et se former sur ces sujets est devenu impératif. Toutes les grandes entreprises ont par ailleurs lancé des projets d’exploration et d’intégration, qu’il s’agisse de l’IA appliquée aux métiers ou de l’IA générative pour tous. En France, nous avons heureusement conservé des filières d’excellence dans ce domaine. À titre d’exemple, l’ouverture récente des bureaux français d’OpenAI et de Perplexity en est une illustration.

Malgré le contexte, qu’est-ce qui te donne la niaque en ce moment ?

L’entrepreneuriat, c’est une forme de passion, voire d’obsession ! On ne se satisfait pas du monde tel qu’il est. Aujourd’hui, je suis passionné par les robots humanoïdes. Nous vivons un véritable « moment GPT » dans la robotique, avec les progrès spectaculaires du MPC (Model Predictive Control), rendus possibles grâce aux avancées de l’apprentissage profond. Fini le Darpa Challenge où tous les robots se retrouvaient à terre : ces innovations permettent désormais de générer des modèles robustes pour le déplacement des machines.

Il y a une véritable rupture chez les roboticiens entre l’ancienne école et la nouvelle, « basée IA ». Atlas V2 de Boston Dynamics incarne cette évolution à la perfection. De grandes opportunités se profilent, notamment dans les usages liés à la productivité industrielle. 2025 sera l’année de l’incarnation de l’IA, et 2026 marquera celle de l’hybridation du travail.

En attendant, rendez-vous à VivaTech pour découvrir les dernières nouveautés sur ce sujet ! 😉

Interview réalisée par Caroline Loisel

Solopreneure depuis plus de 10 ans, elle est issue de la tech et du numérique. Elle est autrice et conférencière sur l’impact de l’IA sur notre rapport au travail et nos relations professionnelles.

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