Freelance IT : les aides financières indispensables pour bien démarrer
Se lancer en freelance dans l’IT, c’est embrasser à la fois liberté et incertitude. Entre les opportunités d’indépendance et les défis financiers, il devient important de connaître les leviers de soutien disponibles. À travers des dispositifs souvent méconnus, l'État et diverses organisations offrent des aides indispensables pour structurer et sécuriser cette aventure entrepreneuriale. Explorons ensemble les solutions qui pourraient transformer votre quotidien professionnel.
1️⃣ L’exonération des cotisations sociales avec l’ACRE
L’ACRE (Aide aux Créateurs et Repreneurs d’Entreprise) est une exonération partielle des cotisations sociales, applicable sur une durée d’un an dès la création ou la reprise de votre activité. Il concerne plusieurs types de cotisations :
Maladie, maternité, invalidité, décès.
Allocations familiales.
Retraite de base.
Cette aide n’inclut toutefois pas la CSG-CRDS, les cotisations relatives à la retraite complémentaire, ni la contribution à la formation professionnelle.
Conditions d’éligibilité
Bien que l'ACRE soit ouverte à de nombreux profils, certaines conditions doivent être remplies pour en bénéficier. En particulier, il s’adresse aux freelances qui :
Ont créé ou repris une entreprise, sous forme de micro-entreprise ou en société (SASU, EURL, etc.).
N'ont pas bénéficié de l’ACRE au cours des trois dernières années.
Ne dépassent pas un plafond de revenus annuels fixé à 43 992 €. Au-delà de ce montant, l’exonération disparaît totalement.
Quel est le montant de l'exonération ?
L’ACRE offre une exonération dégressive des cotisations sociales selon le type d’activité exercée.
Voici à titre indicatif les taux applicables en 2024, en fonction des différentes activités, jusqu'à la fin du 3e trimestre civil suivant la date d'affiliation :
Vente de marchandises, fourniture de denrées à emporter ou à consommer sur place, fourniture de logement (hôtels, chambres d'hôtes ou meublés de tourisme) : 6,2 %.
Autres prestations de services commerciales ou artisanales (BIC) : 10,6 %.
Activités libérales (BNC) :
Du 1er juillet au 31 décembre 2024 : 11,60 %
À partir du 1er janvier 2025 : 12,30 %
À partir du 1er janvier 2026 : 13,05 %
Activités libérales réglementées relevant de la Cipav (BNC) depuis le 1er juillet 2021 : 12,1 %.
Exemple pratique d’application
Prenons un freelance IT sous le régime des activités libérales : en 2024, il bénéficiera d’un taux d’exonération de 11,60 % sur ses cotisations sociales. Ce taux passera à 12,30 % en 2025, puis à 13,05 % à partir de 2026.
Cette progression permet d’adapter progressivement la charge sociale à la croissance de l’activité.
Comment bénéficier de l’ACRE ?
Ce dispositif n’est plus automatiquement accordé aux micro-entrepreneurs comme c’était le cas avant 2020. Si vous êtes micro-entrepreneur et que vous souhaitez bénéficier de l’ACRE, vous devez désormais compléter le formulaire dédié et l’envoyer à l’Urssaf.
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2️⃣ Le versement d’une partie des droits à l’assurance chômage grâce à l’ARCE
L’ARCE (Aide à la Reprise ou à la Création d’Entreprise) est une aide financière qui permet aux créateurs ou repreneurs d’entreprise de recevoir, sous forme de capital, 60 % du montant total de leurs allocations chômage. Ce versement, fractionné en deux temps, fournit un appui solide pour couvrir les premiers besoins financiers liés au démarrage d’une activité freelance.
Les conditions d’éligibilité
L’ARCE s’adresse aux demandeurs d’emploi qui décident de créer ou reprendre une entreprise. Pour bénéficier de ce dispositif, plusieurs critères doivent être remplis :
Avoir obtenu l’ACRE, car l’ARCE est conditionnée à l’obtention préalable de cette exonération.
Être bénéficiaire de l’ARE et avoir encore des droits ouverts à l'assurance chômage.
Ne pas opter pour le cumul de l’ARE avec des revenus d’activité freelance (ces deux aides étant incompatibles).
Il est important de noter que l’ARCE peut être sollicitée aussi bien lors de la création d’une micro-entreprise qu’en SASU, EURL ou toute autre forme juridique.
Vous pouvez tester ce simulateur pour vérifier les conditions et montants de l’ARCE
Modalités de versement
L’ARCE est versée en deux temps :
Premier versement : 50 % du montant total de l’aide est débloqué dès l’acceptation du dossier et la création ou reprise de l’activité.
Second versement : les 50 % restants sont versés six mois plus tard, à condition que l’entreprise soit toujours en activité à ce moment-là.
Cette injection de liquidités permet de sécuriser les dépenses initiales liées au lancement : investissement en matériel informatique, création d’un site web, frais de prospection, ou encore mise en place d’un réseau de communication efficace.
Quand choisir l’ARCE ?
L’ARCE est particulièrement adaptée aux freelances qui anticipent une montée en charge rapide de leur activité. Si vous prévoyez de dégager des revenus importants dès les premiers mois, ce versement en capital vous offrira la souplesse nécessaire pour gérer efficacement votre trésorerie et investir intelligemment dans les outils et services qui maximiseront vos performances.
Pour autant, il convient de bien évaluer votre situation : si vous démarrez avec des revenus faibles et irréguliers, le maintien de l’ARE pourrait s'avérer plus avantageux. Chaque freelance doit peser les bénéfices à long terme selon ses propres perspectives de croissance.
3️⃣ Le cumul de l’ARE avec des revenus de freelance
Le cumul de l'Allocation de Retour à l'Emploi (ARE) avec des revenus générés par une activité freelance constitue une solution intéressante pour les indépendants qui souhaitent sécuriser leurs finances tout en développant progressivement leur activité.
Contrairement à l'ARCE, cette option permet de maintenir un flux d’allocations mensuelles, tout en complétant ces revenus par des prestations de services.
Comment fonctionne le cumul de l’ARE avec les revenus freelance ?
Le cumul partiel de l’ARE et des revenus d’une activité indépendante suit une règle d’ajustement qui prend en compte les revenus mensuels générés par le freelance.
En pratique, une partie de l’allocation chômage est maintenue, tout en déduisant 70 % des revenus de l’activité freelance du montant brut de l'ARE. Ce mécanisme permet de bénéficier d'un complément financier tout en s'assurant un revenu minimum pendant la phase de démarrage de l'activité.
Exemple de calcul :
Un freelance IT bénéficie d'une allocation mensuelle de 1 500 €.
Sur un mois, il génère un revenu de 1 000 € grâce à des missions freelance.
Le Pôle Emploi déduit 70 % de ces 1 000 €, soit 700 €, du montant initial de l’ARE.
Ainsi, l’allocation ARE pour ce mois sera de 800 € (1 500 € - 700 €), à laquelle s’ajouteront les 1 000 € de revenus freelance, pour un total de 1 800 €.
Conditions pour cumuler l’ARE et les revenus freelance
Le cumul est soumis à plusieurs conditions :
Conservation d'une partie des allocations : l'ARE ne doit pas excéder le montant total des allocations chômage auquel le freelance a droit, y compris après cumul des revenus d’activité.
Durée limitée : le cumul est possible jusqu’à épuisement des droits à l'ARE. Si la durée des droits est par exemple de deux ans, le freelance pourra cumuler ses revenus et l’allocation sur cette période, tant que ses droits ne sont pas épuisés.
Plafond de revenus : si les revenus générés dépassent l’ancien salaire de référence, l’ARE peut être réduite de manière significative, voire supprimée.
4️⃣ Les prêts d’honneur
Le prêt d’honneur constitue un autre levier financier intéressant pour les freelances en quête de fonds pour développer leur activité.
Ce prêt à taux zéro, sans garanties ni caution personnelle, est octroyé par des réseaux d’accompagnement à la création d’entreprise (Initiative France, Réseau Entreprendre, ou encore la BPI France). Il s’agit d’un véritable coup de pouce pour les freelances IT qui souhaitent investir dans du matériel ou financer leurs premières dépenses professionnelles sans alourdir leur endettement.
Son montant varie entre 2 000 € et 50 000 €, en fonction de la viabilité du projet et de la capacité de remboursement du porteur de projet.
Pour bénéficier d’un prêt d’honneur, plusieurs critères sont souvent exigés :
Présentation d’un business plan solide : l’organisme prêteur exige généralement un dossier complet incluant une étude de marché, un prévisionnel financier et un plan d’investissement.
Accompagnement par un réseau : en plus du financement, ces organismes offrent un accompagnement personnalisé sous forme de mentorat, afin de garantir la pérennité de l’activité freelance.
Engagement personnel : le freelance s’engage personnellement à rembourser le prêt, bien que sans caution personnelle, l’organisme prêteur s’appuie sur la confiance et l'accompagnement pour réduire les risques de défaillance.
5️⃣ L'aide à la création d'entreprise de l'AGEFIPH
L’AGEFIPH (Association de Gestion du Fonds pour l'Insertion Professionnelle des Personnes Handicapées) propose un ensemble de dispositifs d’aide pour les freelances en situation de handicap.
L’aide à la création d’entreprise de l’AGEFIPH s'adresse aux personnes reconnues handicapées qui souhaitent entreprendre en tant que freelance ou micro-entrepreneur. Ce dispositif offre un soutien financier direct, mais également un accompagnement personnalisé pour maximiser les chances de réussite du projet entrepreneurial.
Conditions pour bénéficier de l’aide
Pour accéder à l’aide à la création d’entreprise de l’AGEFIPH, il est nécessaire de remplir certaines conditions :
Être reconnu comme travailleur handicapé (RQTH) et avoir un projet de création ou de reprise d’entreprise.
Présenter un projet structuré avec un business plan détaillé, prouvant la viabilité de l’activité freelance dans le secteur de l’informatique ou de la Tech.
Ne pas cumuler certaines aides : en effet, certaines aides publiques peuvent être incompatibles entre elles. Il est donc important de vérifier la compatibilité avec d’autres dispositifs comme l'ARCE ou les prêts d’honneur.
6️⃣ Les réseaux d’aide à l’entrepreneuriat (BPI)
BPI France propose plusieurs outils et programmes de soutien spécifiquement dédiés aux créateurs d’entreprise, y compris les freelances.
Ainsi, le réseau BPI France permet de s’inscrire dans un écosystème entrepreneurial dynamique, avec des opportunités de mise en relation et de partenariats avec d’autres entreprises innovantes.
7️⃣ Les aides régionales
Chaque région dispose de son propre ensemble de subventions, de prêts et de programmes d'accompagnement destinés à soutenir l’entrepreneuriat local. Les freelances IT peuvent ainsi tirer parti de ces opportunités pour structurer leur activité et accéder à des ressources complémentaires en fonction de leur lieu d'implantation.
Les aides régionales varient d’une région à l’autre, mais voici les principaux dispositifs auxquels les freelances peuvent prétendre :
Subventions à la création d'entreprise. De nombreuses régions proposent des subventions directes pour soutenir les freelances qui se lancent, en particulier dans les secteurs prioritaires comme les nouvelles technologies et l’informatique.
Prêts régionaux à taux zéro. Certaines collectivités offrent des prêts à taux zéro ou à des conditions avantageuses pour aider les indépendants à financer leurs premiers investissements.
Accompagnement et formation. Elles mettent également souvent en place des programmes de formation, des incubateurs ou des espaces de coworking pour accompagner les freelances dans le développement de leurs compétences et l'extension de leur réseau professionnel.
Les 3 points clés à retenir :
L'ACRE permet une exonération partielle des cotisations sociales pour alléger les charges lors du démarrage de votre activité freelance.
L'ARCE offre un versement en capital de vos droits à l'assurance chômage pour financer les premiers investissements.
Les aides régionales et les réseaux comme la BPI ou l'AGEFIPH apportent un soutien financier et un accompagnement précieux pour les freelances.
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