Pour vivre de son indépendance, la polyvalence est la clé !

L’indépendance n’est pas un long fleuve tranquille ! Pour nourrir ces réflexions, j’ai interviewé Tristan Bochu. Diplômé en 2018, Tristan partage ses activités entre son statut d’indépendant – il est product manager - et son engagement dans une DAO, « Web3Island Makers » dont il est co-fondateur. Au moment où je le contacte, il est en plein cursus de formation pour devenir « Développeur IA ».  

Tristan Bochu

5 ans après, tu reprends les bancs de l’école ? 🙂

Oui ! J’ai choisi Alyra, une école de formation née avec la blockchain et propose différents cursus comme « devenir consultant IA » ou « devenir développeur IA ». C’est un parcours très intense de 12 semaines avec des semaines de pratiques spécifiques et un développement de projets avec des consultants pour l’obtention de la certification. Pour débattre des contenus des modules acquis en e-learning, des « live sessions » sont organisées avec nos instructeurs chaque semaine et, tous les lundis, des « talks » inspirants ou très techniques. Mes semaines sont denses entre le temps de travail personnel et les rendez-vous pédagogiques ! 

Le prompting est en train de devenir une expertise, une hard skill.

Qu’est-ce-qui t’a fait franchir le cap vers l’IA ?

Quand l’IA a débarqué, j’ai eu ma phase de béatitude. Un ami artiste me montre les premiers résultats : je suis bluffé, c’est puissant. Pendant quelques jours, j’utilise ces outils non-stop, j’ai besoin de tester selon mes besoins. Au même moment, les montants d’investissements financiers font la Une des journaux. C’est fascinant et inquiétant. Je décide alors de mieux comprendre pour chasser la crainte et l’idéalisation, je veux me faire mon avis par moi-même ! Les outils ont leur façon de parler, j’ai besoin de comprendre leur langue, le seul moyen : l’apprentissage par test and learn. De nouvelles compétences clefs font leur place sur le marché et il faut rapidement prendre le pli : par exemple, le prompting est en train de devenir une hard skill tout comme savoir s’adresser à un modèle de computer vision ! 

L’essentiel est de trouver l’équilibre entre l’indépendance et le sentiment d’appartenance.

Tu es aussi co-fondateur d’une DAO, en quoi cela consiste ?

J’avais besoin, au-delà des mes compétences singulières, d’une dynamique communautaire. Trouver son équilibre entre l’indépendance et le sentiment d’appartenance. Une DAO c’est une entreprise 3.0 car tout s’opère dans un système de blockchain. C’est une organisation autonome décentralisée Statuts, gouvernance, business développement, partage des projets, des rôles et des actions de chacun, etc… tout est sous la forme de « Smart contracts ». Au sein de ce collectif, nous menons des actions de réseau en organisant des événements. Et c’est aussi un lieu d’entraide et une source de revenus complémentaires quand sur certains projets, plusieurs de nos compétences sont réunies autour d’un client commun. Je prends beaucoup de plaisir à faire grandir, animer et développer ce réseau aux côtés de tous ses membres aux expertises complémentaires. En tant qu’indépendant, c’est un fort soutien à ma vitalité quand, comme chaque free-lance, je traverse parfois des périodes moins florissantes. 

Je me sens en micro-reconversion permanente.

Comment te projettes-tu une fois ce certificat de développeur IA en poche ? C’est une reconversion ? A l’origine, ton diplôme est celui d’une école de commerce. 

J’ai plutôt l’impression d’être en micro-reconversion permanente ! Je continue à nourrir mon envie d’hybrider des compétences. Je capitalise sur mon « skill set » de base plutôt orienté expérience utilisateur et, autour, j’y connecte d’autres expériences et expertises. Par exemple, à une période, je me suis mis au développement tout en continuant de faire appel à mes compétences de marketing et design. L’indépendance est un fleuve aux courants variés. Rester sur un chemin d’apprentissage me semble un bon moyen d’y naviguer le plus sereinement possible !

Propos recueillis par Caroline Loisel. Je suis solopreneure depuis 10 ans. J’accompagne les organisations en transformation lors de séminaires, ateliers et conférences.