Comment lutter contre le syndrome de l’imposteur ?
Le syndrome de l’imposteur, c’est-à-dire la peur de ne pas être compétent, est plus développé qu’on ne le croit généralement. Dans le monde du travail, il est important pour les freelances, les salariés et les managers de le reconnaître et de lutter contre. Comment lutter contre le syndrome de l’imposteur ? Free-Work vous livre quelques pistes.
Le syndrome de l’imposteur : définition
Le syndrome de l’imposteur est la peur continue d’un individu d’être perçu comme un arnaqueur, d’être démasqué par l’entourage, malgré ses compétences et ses réussites scolaires ou professionnelles. Il s’agit d’un conflit entre la perception des compétences réelles et celle des compétences perçues. Ce n’est ni une maladie ni un simple manque de confiance en soi, mais une perception faussée de la réalité.
On l’appelle aussi syndrome de l’autodidacte car les autodidactes ont davantage tendance à en souffrir. Les femmes sont aussi plus nombreuses que les hommes à être atteintes de ce trouble, en raison de l’internalisation des stéréotypes d’infériorisation de la société (auto-stéréotypisation).
Les personnes souffrant du syndrome de l’imposteur attribuent le plus souvent leurs succès à des facteurs extérieurs : la chance, l’aide de leurs relations, la bienveillance de leurs collègues, etc. Elles sous-estiment, voire nient leurs réussites, leurs réalisations, leurs expériences, etc.
Les personnes atteintes de l’« expérience de l’imposteur » (terme plus juste dans la mesure où ce n’est pas une pathologie, mais un mécanisme psychologique) auront ainsi tendance à travailler deux fois plus dur que d’autres pour contrecarrer ce sentiment. Mais, le plus souvent, cela alimente encore davantage le trouble. A long terme, le syndrome peut mener à des états d’anxiété, voire de dépression.
Le syndrome de l’imposteur est très répandu puisque 70 % de la population à l’échelle mondiale en fera l’expérience au moins une fois au cours de sa vie.
Pour savoir si vous souffrez de ce syndrome, il existe un test appelé l’Echelle de Clance, qui tire son nom de la psychologue Pauline Rose Clance, qui a théorisé le syndrome en 1978 avec Suzanne Imes.
Dans le monde professionnel, le syndrome de l’imposteur est problématique s’il n’est pas passager, lié à un événement. Il est source de stress et de surmenage. Il peut mener au burn-out. Il est, de plus, un frein à l’évolution de carrière car il peut être perçu comme de la fausse modestie par les supérieurs hiérarchiques. C’est pourquoi il est important de lutter contre le syndrome de l’imposteur.
Qui est plus enclin à souffrir du syndrome de l'imposteur ?
Les femmes
Les études montrent que les femmes sont plus susceptibles de souffrir du syndrome de l'imposteur que les hommes. Selon des statistiques, environ 53% des femmes présentent des expériences liées à ce syndrome. En revanche, 63% des hommes disent n’avoir jamais été concerné par le syndrome de l’imposteur.
Cette tendance peut s'expliquer par les stéréotypes de genre encore ancrés dans de nombreuses sociétés, où les femmes sont perçues comme moins compétentes et légitimes dans certains domaines, notamment ceux traditionnellement masculins comme les STEM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques).
En intériorisant ces messages négatifs dès le plus jeune âge, beaucoup de femmes en viennent à douter de leurs capacités et à remettre en question leurs réussites, un terreau fertile pour le syndrome de l'imposteur.
Les minorités ethniques et culturelles
Les personnes issues de minorités ethniques ou culturelles peuvent également être plus à risque de développer ce trouble.
Confrontées à des micro-agressions, des préjugés et des stéréotypes négatifs récurrents, certaines en viennent à se sentir comme des « imposteurs » dans des environnements où elles sont sous-représentées.
Ce sentiment d'illégitimité peut être renforcé par un manque de modèles auxquels s'identifier.
Les personnes de milieux défavorisés
Pour ceux issus de milieux socio-économiques défavorisés, accéder à des postes ou des parcours d'études prestigieux peut engendrer un profond sentiment d'imposture.
Le fossé perçu entre leurs origines modestes et leur nouveau statut social peut les amener à douter de leur mérite et de leur appartenance légitime à ces sphères.
Les traits de personnalité
Certains traits de personnalité prédisposent davantage au syndrome de l'imposteur, comme
le perfectionnisme,
un manque de confiance en soi chronique,
une hypersensibilité à la critique.
Les personnes présentant ces caractéristiques ont tendance à minimiser leurs accomplissements et à se concentrer sur leurs imperfections ou leurs échecs perçus.
Les étudiants et jeunes professionnels
La transition de l'école au monde professionnel est souvent une période propice à l'émergence du syndrome de l'imposteur.
Le manque d'expérience, couplé aux défis et attentes élevées, peut faire naître des doutes importants quant à ses compétences réelles.
De même, les jeunes professionnels démarrant une nouvelle carrière sont vulnérables à ces sentiments d'illégitimité.
Les signes qui ne trompent pas
Le syndrome de l'imposteur peut se manifester de diverses manières, mais certains signes sont particulièrement révélateurs de sa présence.
En voici les principaux :
La minimisation des réalisations et des succès. Les personnes souffrant du syndrome de l'imposteur ont tendance à minimiser, voire à nier, leurs propres réalisations et succès malgré des accomplissements remarquables.
L'attribution des réussites à des facteurs extérieurs. Plutôt que de considérer leurs efforts et compétences, elles imputeront leurs réussites à la chance, l'aide d'autrui, des circonstances favorables, etc.
La peur d'être « démasqué » en tant qu'imposteur. Malgré leurs accomplissements, ces personnes vivent dans la crainte d'être découvertes comme des fraudeurs par leur entourage professionnel.
Le doute permanent sur ses compétences. Même face à des preuves tangibles, le doute persiste et elles remettent constamment en cause leurs connaissances et capacités.
La procrastination et l'évitement des défis. Par peur d'échouer et de confirmer leur sentiment d'imposture, elles auront tendance à procrastiner ou éviter les projets risqués.
Le travail acharné au-delà du raisonnable. Dans l'espoir de compenser leur illégitimité perçue, elles vont travailler d'arrache-pied, bien au-delà du nécessaire.
La difficulté à accepter les compliments. Lorsqu'on les félicite, ces personnes auront du mal à accepter sincèrement les éloges et préfèreront les minimiser.
L'anxiété lors des situations d'évaluation. Les évaluations mettant leurs compétences à l'épreuve sont sources d'une anxiété paralysante.
La tendance à surestimer les compétences des autres. Inversement, ces personnes idéaliseront et surestimeront les aptitudes de leurs pairs.
Si plusieurs de ces signaux se manifestent de façon récurrente, il peut s'agir d'un cas caractéristique de syndrome de l'imposteur nécessitant une prise de conscience et des mesures actives.
Comment lutter contre le syndrome de l’imposteur ?
🧩Acceptez ce sentiment de doute
Le premier pas vers la guérison ou le mieux-être lorsqu’on a un problème est bien souvent de le reconnaître et de l’accepter. Alors commencez par admettre que vous avez le syndrome de l’imposteur.
🧩Faite un SWOT personnel
Quelles sont vos forces et vos faiblesses ? Faites un bilan global dans une matrice SWOT (Strengths, Weaknesses, Opportunities, Threats) en écrivant vos forces et faiblesses au regard des opportunités et menaces de votre carrière. Le SWOT est intéressant à faire avant un entretien de recrutement ou un rendez-vous commercial important pour un freelance.
🧩Ne vous comparez pas aux autres
Vous êtes vous-même et vous n’avez pas à vous comparer aux autres. Détachez-vous du regard des autres ! Et puis en discutant avec vos collègues ou personnes que vous admirez, vous allez peut-être vous apercevoir qu’eux-aussi n’ont pas confiance en eux et souffrent du même syndrome : cela vous aidera à relativiser !
🧩Soyez rationnel et factuel
Qu’avez-vous réussi ? Dressez la liste de vos réussites et, à côté de chacune, attribuez les raisons réelles de ce succès (formation, heures de travail effectuées, etc.). Vous vous rendrez ainsi compte que le facteur chance était réelle mais minime. Vous découvrirez que vous avez réussi beaucoup de choses, et ce, grâce à vous-même.
🧩Félicitez-vous
Quand vous remportez une victoire, félicitez-vous ! Observez ce qui a été réussi et non pas ce qui aurait pu être mieux.
🧩Pensez positif
Le conditionnement positif permet d’avoir une relation au travail équilibrée. L’objectif est d’être dans l’état d’esprit de faire son possible pour réussir son projet, son examen, etc., et non pas de se dire « je ne dois surtout pas échouer ». Dans ce dernier cas, on se met la pression afin que son statut d’imposteur ne soit pas révélé. C’est un discours perfectionniste et défaitiste qu’il faut remplacer par une pensée positive et moins anxiogène.
🧩Parlez avec un psychologue
Si vous en ressentez le besoin, vous pouvez vous faire aider par un psychologue ou un coach en commençant une TCC (Thérapie Cognitivo-Comportementale). Les TCC aident les personnes à identifier et modifier les schémas de pensée destructeurs qui exercent une influence négative sur le comportement et les émotions. Sachez que depuis le 5 avril 2022, vous pouvez bénéficier de 8 séances gratuites d’accompagnement psychologique, remboursées à 60 % par la Sécurité Sociale et à 40 % par votre mutuelle.
En savoir plus sur la vie en freelance :
● Opportunité d’emploi : nos conseils avant d’accepter un nouveau job dans l’IT
Commentaire
Connectez-vous ou créez votre compte pour réagir à l’article.