Freelanceuse : quelle place dans l’informatique ?
En 2021, les femmes n’occupaient toujours que 20 % des emplois de l’IT. Le chiffre est encore plus bas dans certains domaines informatiques. Par exemple, elles représentent à peine 8 % des effectifs dans le helpdesk, et 6 % dans l’exploitation ou la maintenance des systèmes informatiques. Ces données récentes s’inscrivent dans la continuité de multiples études et rapports qui arrivent tous à la même conclusion : les femmes sont “les grandes oubliées du numérique”. En cause, un manque de sensibilisation aux formations et métier de l’informatique et surtout des clichés et inégalités salariales tout au long de leur carrière IT. 40 % des femmes quittent d’ailleurs leur métier dans l’informatique après 10 ans dans ce secteur.
Cependant, les études sont moins nombreuses du côté des femmes freelances. Est-ce que l’indépendance permettrait de pallier ces inégalités et d’attirer davantage de profils féminins dans l’IT ? Découvrez, dans cet article, la place des freelanceuses dans l’informatique.
L’essor du freelancing au féminin
Le statut d’indépendant ou de freelance se développe fortement en France, inspiré par les modèles américains, mais aussi par la crise sanitaire qui a poussé de nombreux salariés à revoir leur rapport au monde du travail et de l’entreprise.
Les actifs, aussi bien femmes que hommes sont à la recherche de davantage de flexibilité, d’autonomie, de responsabilité, mais aussi de rémunérations plus élevées. La facilité à créer des statuts juridiques comme la micro-entreprise ou le développement des sociétés de portage salarial accentuent encore cette tendance.
Le secteur informatique est particulièrement touché par cet essor du freelancing puisqu’il offre, de base :
des solutions dématérialisées ;
une flexibilité avec un travail “par projet” ;
des facilités de télétravail.
La pénurie de profils IT encourage également les entreprises et organisations à recourir à des prestataires indépendants.
Cet attrait du statut indépendant concerne aussi évidemment les femmes. En France et en 2020, près de la moitié des freelances (47 %) sont des freelanceuses. C’est mieux qu’aux États-Unis où les femmes ne représentent que 40 % des freelances et surtout bien plus important que la moyenne mondiale, où 77 % des indépendants sont des hommes. Toutefois, le monde du freelancing, en particulier dans le secteur IT est vaste, et comme dans le salariat, il existe de grandes disparités entre les profils des freelances femmes et hommes.
Des disparités entre les profils de freelanceur et freelanceuse
L’IT est probablement le domaine où la variété de profils recherchés est la plus importante. Aujourd’hui, le freelance IT peut être aussi bien :
un développeur (full-stack, front-end, back-end, DevOps, etc.) ;
un administrateur (système, réseaux, base de données, etc.) ;
un consultant ou formateur ;
un designer ou infographiste ;
un rédacteur web, référenceur, community manager, etc.
un expert en cybersécurité (ingénieur en sécurité informatique, pentesteur, growth hacker, etc.)
La liste n’est bien sûr pas exhaustive, mais elle démontre la diversité des compétences requises. Et, si les femmes représentent au niveau global près de la moitié des freelances, elles restent largement sous-représentées dans certaines de ces catégories.
Par exemple, la part des freelances DevOps et des administrateurs système hommes est 25 fois supérieure à celle des femmes. Le constat est le même dans le domaine de la cybersécurité où les femmes représentent une part minoritaire des freelances.
À l’inverse, les freelanceuses sont majoritaires parmi les rédacteurs web, community manager et designer. Surtout, elles sont plus nombreuses que les hommes dans le domaine en plein essor des data sciences.
Enfin, d’autres profils de freelance montrent une plus grande égalité comme les développeurs front-end, les testeurs informatiques et les métiers de la formation digitale.
Des inégalités persistantes dans les TJM des femmes freelances
La disparité entre les profils des freelanceurs et freelanceuses entraîne également des inégalités dans les TJM (Taux Journalier Moyen). Par exemple, les experts en cybersécurité ou consultant font partie des freelances ayant les rémunérations les plus élevées. Ce sont aussi les deux domaines où les femmes sont les moins représentées…
La disparité des TJM s’explique aussi par les différences d’expérience entre les hommes et les femmes. Dans le freelancing informatique, les TJM sont souvent davantage définis par l’expérience du freelance (junior, expérimenté, senior) que par les diplômes et certifications possédés. La plupart des freelances ne se lancent ainsi qu’après quelques années d’expérience en entreprise.
Ici, les inégalités salariales entre hommes et femmes impactent donc directement les TJM des freelanceuses. Si elles ont rencontré davantage de difficultés d’accès à l’emploi et surtout aux postes à responsabilité, elles ont logiquement moins d’expérience à afficher sur leur profil freelance.
Néanmoins, de nombreux autres facteurs influencent la définition des TJM (rareté des compétences, localisation, statut juridique, organisation du travail, etc.) et les inégalités des TJM hommes/femmes restent moins marquées que les inégalités salariales. Par exemple, les femmes salariées dans l’informatique et la programmation gagnent, en moyenne, 74 % du revenu de leurs homologues masculins. Dans les mêmes domaines, mais en tant qu’indépendantes, elles perçoivent en revanche 88 % des revenus des freelances.
Dans certains domaines où elles sont sur représentées comme le multimédia et le design, elles peuvent même toucher des TJM supérieurs à ceux des hommes.
Le freelancing peut donc pallier certaines inégalités hommes/femmes dans le domaine informatique. Les freelanceuses ont généralement accès à davantage de métiers et peuvent toucher des rémunérations plus importantes que les salariées. Toutefois, des disparités persistent. Le manque de sensibilisation aux formations et parcours informatiques et certaines difficultés d’accès à des métiers spécifiques de l’IT impactent aussi les freelanceuses. C’est pourquoi, de nombreuses écoles et communautés de développeuses sont créées pour faciliter l’intégration de profils féminins dans l’informatique aussi bien en tant que salariée qu’indépendante.
Et vous, que pensez vous de la place des femmes freelances ? En tant que freelanceuse, avez-vous rencontré des difficultés à décrocher des missions ou avez- vous l’impression de devoir proposer des TJM inférieurs ? N’hésitez pas à nous partager vos retours d’expérience sur le forum IT !
Sources et liens utiles :
60 statistiques sur les freelances, www.websiteplanet.com
Étude de 2020 sur le profil des développeurs, Stack OverFlow
« Les métiers numériques : où sont les femmes ? Quelles actions ? », www.femmes-ingenieurs.org
« Femmes : pourquoi s'orienter vers la tech ? », Ada Tech School
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