Le pacte de parité pour les femmes dans la tech
Les métiers de la tech connaissent une masculinisation très prononcée et semblent exclure les femmes. C’est particulièrement vrai au sein de la French Tech qui souhaite désormais inverser la tendance.
Un pacte de parité pour atteindre l’égalité femmes-hommes
Le pacte de parité pour les femmes dans la tech a été signé et dévoilé par la mission French Tech le 31 mai 2022. Il est le fruit d’une réflexion collective engagée depuis 2021 par le Board Impact, un réseau de 9 membres issus de start-up et d’acteurs du monde de la tech.
Aujourd’hui, près de 70 start-up, faisant partie du French Tech 120 ou du Next 40, se sont engagées à mettre en place des actions concrètes visant à faire progresser significativement l’égalité entre les femmes et les hommes au sein de l’écosystème start-up français.
Le constat
La French Tech n’est pas épargnée par l’insuffisance accordée à la place des femmes dans les entreprises et, en particulier, dans les cercles dirigeants. Quelques chiffres permettent de prendre conscience des enjeux :
Seulement 31 % des managers dans les start-up sont des femmes.
Sur l’ensemble des start-up, la part des femmes constitue près de 40 %, alors que ce taux est de 48 % à l’échelle de la population active.
Les équipes de fondateurs exclusivement masculins ont levé 88 % du montant total des start-up françaises. Il a même été mis en évidence (baromètre Sista) qu’un homme lève 1,6 fois plus qu’une femme et qu’une femme qui s’associe à un homme lève 3,4 fois plus que si elle s’était alliée à une autre femme.
À ce jour, aucune équipe 100 % féminine n’a réalisé une levée de fonds supérieure à 50 M€.
En outre, à l’échelle du French Tech 120, il n’y a que 14 femmes co-fondatrices et CEOs. Pour le Next 40, aucune femme n’est CEO.
Pourtant, un cadre législatif a été fixé ces dernières années en France afin d’accélérer l’égalité professionnelle entre femmes et hommes.
Des mesures contraignantes
La première mesure à avoir contribué à de réels progrès en matière d’égalité femmes-hommes dans le monde professionnel fut la loi Copé-Zimmermann du 27 janvier 2011. Cette dernière instaure une obligation de quotas de membres de chaque genre dans les conseils d’administration et de surveillance (40 %) des grands groupes.
La loi relative au dialogue social du 17 août 2015 a instauré une obligation de représentation paritaire au sein des instances représentatives du personnel dans les entreprises (membres du comité d’entreprise, délégués syndicaux et du personnel). En outre, l’annulation de ces élections est prévue par la loi si cette obligation de représentation n’est pas respectée.
Une autre loi du 5 septembre 2018 oblige les entreprises de plus de 50 salariés à publier un index de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes.
Enfin, dernière mesure en date et dans le prolongement de la loi Copé-Zimmermann, la loi Rixain du 24 décembre 2021 instaure des quotas de femmes dans les instances dirigeantes des entreprises. L’objectif est d’atteindre 40 % de femmes dirigeantes et 40 % de femmes membres d’instances de direction d’ici à 2029. De plus, des obligations annexes sont assorties à la loi. Parmi celles-ci, on retrouve l’obligation de publier sur leur site web, chaque année, l’écart au quota cible ou encore des pénalités financières en cas de non-respect des quotas.
Ces mesures, même si elles n’ont pas encore atteint leurs objectifs, ont tout de même permis des avancées. Aujourd’hui, 21 % de femmes siègent dans les conseils d’administration des grands groupes. C’est encore loin du but initial (40 %), mais c’est nettement mieux qu’il y a 10 ans.
Des progrès notables, loin d’être suffisants
Au sein de la French Tech, des signes encourageants permettent d’espérer une réalisation effective de la parité plus tôt que prévu. Depuis 3 ans, une augmentation de 9 points de la diversité de genre au sein des équipes fondatrices de start-up a été constatée. Sur ce point, il a été établi que la mixité jouait un grand rôle et qu’elle autorisait même une performance accrue de 25 % par rapport aux équipes non mixtes.
Une autre étude du Boston Consulting Group a démontré que les start-up dirigées par des femmes génèrent en moyenne un chiffre d’affaires supérieur de 10 % au bout de 5 ans.
Un dernier élément conduit à penser la parité comme génératrice de valeur : l’exigence des clients et des investisseurs qui incitent fortement les entrepreneurs à considérer sérieusement la question.
Pourtant, le chemin est encore long pour une représentation équilibrée des femmes dans la tech : elles représentent seulement 28 % des salariés dans le numérique et 16 % dans la tech (la tech est une catégorie du numérique qui intègre les développeurs, les data scientists, etc.).
Et il semble difficile d’inverser la tendance lorsque l’on sait que les diplômées des écoles informatiques représentent seulement 11 % des effectifs.
Quel avenir pour la place des femmes dans la tech ?
Le pacte de parité est une première étape pour la French Tech et pose les bases d’un grand chantier prévu sur du long terme.
5 premiers engagements ont d’ores et déjà été actés :
Former les managers sur les enjeux de l’égalité femmes-hommes.
100 % des fiches de poste doivent s’adresser autant aux hommes qu’aux femmes.
40 % de femmes siégeant dans les instances de décision des startup d’ici à 2028.
Mettre en place un accompagnement personnalisé pour chaque salarié en retour de congé parental.
Constituer une équipe paritaire de représentants pour s’exprimer au nom de l’entreprise.
Le pacte ambitionne également de faire des émules au sein de toute la sphère tech voire numérique. Il est aidé en cela par d’autres initiatives qui œuvrent chaque jour à donner la place qu’elles méritent aux femmes dans le monde professionnel.
C’est notamment le cas du collectif Sista qui vise à faire émerger une génération de leaders diversifiés grâce à la création de fonds et à la publication d’études. Ou encore à Social builder qui accompagne le développement des parcours des femmes dans le numérique.
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