Pour maintenir son employabilité, hybrider ses expertises !

L’EPITA, une école d’ingénieurs et d’ingénieures à la mission bien définie depuis 2021, née il y a 40 ans. Forte de 50 enseignants-chercheurs passionnés et engagés, l’EPITA offre des programmes de formation continue dans des domaines variés, allant de la cybersécurité à la blockchain, en passant par l’intelligence artificielle et les technologies quantiques.

J'ai eu le privilège d'interviewer le Directeur Général, Sylvain Goussot. Ingénieur Telecom de formation, Sylvain apporte avec lui 25 ans d'expérience dans des entreprises industrielles et de services. Animé par une volonté de transmettre et d'accompagner les apprenants tech tout au long de leur parcours, il a choisi de jouer un rôle clé dans leur formation et leur développement professionnel.

Sylvain Goussot, Directeur Général de l'EPITA

La vraie révolution est que l’IA est à l’agenda des COMEX !

La technologie n’a jamais fait autant parler d’elle, effet de mode ou changement en profondeur ?

Nous avons vécu des déferlantes technologiques, certaines plus médiatisées que d'autres. La lame de fond actuelle autour de l’IA et l’IA générative, se distingue par une singularité : c'est la première fois qu'une technologie se retrouve à l'agenda des comités exécutifs avant même d'avoir été testée opérationnellement. Cela témoigne de l'importance cruciale du sujet. En effet, cette technologie joue un rôle déterminant dans les projets de transformation économique, sociétale et environnementale des entreprises. Aujourd'hui, le projet technologique est devenu indissociable de la transformation de toute organisation, qu'il s'agisse d'une entreprise ou d'une institution.

Qu’est-ce-qui n’a pas changé dans l’exercice d’un métier tech et, au contraire, qu’est-ce-qui a changé ? 

Le métier de la tech est toujours autant magique qu'exigeant. Magique, car l'acquisition de compétences technologiques ouvre des portes partout dans le monde et permet de naviguer d'un secteur à l'autre. Exigeant, car exercer un métier tech requiert une formation continue aux nouveaux outils, méthodes et langages.

Aujourd'hui, nous assistons à un mouvement de fond : l'hybridation des métiers. En 25 ans de carrière, j'ai souvent entendu des annonces sur la disparition de certaines technologies. Pourtant, le Bluetooth n'a pas remplacé le Wi-Fi, et le big data n'a pas éliminé les BDD classiques comme SQL. Bien qu'il soit crucial de se former régulièrement, les compétences technologiques deviennent rarement obsolètes. En revanche, elles s'hybrident, et il est essentiel de savoir les combiner efficacement.

Prenons l'exemple de l'IA générative. Pour créer un système intégré propriétaire alimenté par ses propres données, des compétences solides en data sont indispensables.

Exercer un métier tech, c’est aussi magique qu’exigeant ! 

Quelles sont les compétences clés à faire grandir aujourd’hui quand on travaille dans la tech ? 

La première compétence cruciale est la capacité à produire de manière industrielle dans des environnements agiles. Concrètement, face aux technologies émergentes comme la cybersécurité, l'IA et l'IA générative, vos collaborateurs, qu'ils soient freelances ou salariés, doivent avoir une compréhension à 360 degrés. Ils doivent maîtriser ce qui se trouve dans le cloud, les systèmes, les données et le code informatique.

Prenons l'exemple de la cybersécurité. Aujourd'hui, il est essentiel de parfaitement maîtriser les réseaux, mais de plus en plus, il faudra également maîtriser les systèmes embarqués et les systèmes électroniques. En bref, les compétences sont de moins en moins silotées. Pour être ingénieur, il faut acquérir une gamme étendue de compétences techniques, car nous assistons à une hybridation des métiers.

Avec la technologie qui a massivement infiltré toutes les fonctions, il est plus important que jamais de se distinguer par de solides compétences en communication. Il faut savoir expliquer des concepts complexes de manière concise, proposer plusieurs options pour faciliter la compréhension, et poser les bonnes questions pour comprendre les modes de fonctionnement de ses interlocuteurs et co-définir des cas d'usage pertinents.

Apprendre à interagir aussi bien avec une direction financière qu'avec un ouvrier spécialisé dans une usine souhaitant développer de l'IA est un art et une compétence très recherchée par les recruteurs.

 Des compétences plus larges et moins silotées pour des métiers tech de plus en plus hybridés.

Par le passé, vous avez eu maintes occasions de recruter des freelance. Qu’est-ce que vous appréciez le plus dans un profil ?

Je suis très sensible à l’expérience multi-sectorielle d’une personne. Entre un profil 100% média et un profil média, grande consommation et banque, je choisis sans hésiter le second. Ces personnes possèdent une capacité élargie à percevoir les situations sous des angles différents, aidant ainsi les équipes internes à sortir de leurs réflexes habituels.

La valeur des collaborateurs freelances réside précisément dans cette aptitude à apporter une plus grande ouverture d'esprit et une diversité de raisonnements. D'ailleurs, lorsqu'ils s'inscrivent à nos programmes de formation continue « SecureSphère », ils cherchent en quelque sorte à enrichir leur expérience par la diversité des parcours. C’est extrêmement bénéfique de se retrouver dans une promotion avec des profils issus de divers horizons.

Il est évident qu'être extrêmement pointu et aguerri dans son domaine d'expertise est également crucial pour se démarquer.

Travailler dans des secteurs différents est un atout pour trouver des missions.

Quels sont les métiers à plus fort potentiel dans un avenir proche ? 

Il est très difficile de prédire l'avenir dans ce domaine en constante évolution. Le cloud est en pleine transformation, avec des organisations cherchant à reconsidérer l'hébergement de leurs données pour mieux maîtriser les coûts et réduire leur empreinte environnementale.

La cybersécurité, quant à elle, va étendre son périmètre de « jeu », passant de la protection des réseaux à celle des systèmes embarqués tels que les voitures, les cartes et les drones. L'IA crée un appel d'air considérable, amplifié par une multitude de nouveaux outils et des cas d'usage dans toutes les industries, couvrant l'ensemble de la chaîne de valeur des produits et services.

L'industrie du futur, ou industrie 4.0, reste fortement engagée à améliorer la collaboration entre les humains et les machines. Le domaine du quantique n'est pas en reste, soutenu par des politiques de souveraineté nationale qui impliquent des enjeux technologiques de plus en plus complexes.

Comment entrer en contact avec l’EPITA si on est freelance, ou salarié ? 

Nous travaillons avec les professionnels pour accompagner nos étudiants dans leur projet entrepreneurial ou dans leur projet d’orientation professionnelle. N’hésitez pas à venir toquer à la porte pour intervenir à votre façon, avec votre expérience concrète ! Si vous cherchez à étendre vos compétences en ce moment, nous serons aussi ravis de répondre à vos questions ! 

Caroline Loisel 

Je suis solopreneure depuis 11 ans. Je suis auteure, conférencière et animatrice de vos événements sur les sujets du futur du travail, des relations technologie-humain et de l’équité H.F.