Télétravail : votre employeur vous espionne-t-il ?

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Selon une étude, 50 % des télétravailleurs déclarent être soumis à une surveillance de la part de leur employeur. Un nombre croissant d’entreprises a recours à des logiciels pour espionner à distance leurs moindres faits et gestes. Est-ce légal ? Que faire si vous pensez être surveillé ?

Surveillance en télétravail : comment ça marche ?

Les employeurs peuvent choisir de mettre en place une surveillance du télétravail pour diverses raisons :

  • le suivi de la productivité des salariés,

  • la sécurité des données contre les attaques,

  • la gestion du système d’informations.

Pour cela, certains employeurs utilisent des logiciels espions du télétravail pour suivre l'activité des salariés qui travaillent à distance Par exemple, si votre ordinateur et/ou votre smartphone ont été fournis par l'entreprise, ils peuvent contenir des programmes qui servent à enregistrer :

  • les heures de connexion et de déconnexion ;

  • les sites web visités (sites, réseaux sociaux, etc.) ;

  • les logiciels ou applications utilisées (messagerie, fichiers partagés, etc.) ;

  • les tâches réalisées ;

  • le temps passé sur chaque tâche, etc.

Les logiciels les plus intrusifs peuvent même enregistrer :

  • des captures de l’écran du salarié à intervalles réguliers ;

  • les coordonnées GPS de son téléphone ;

  • l’utilisation du clavier et de la souris ;

  • des photos du salarié via la webcam ;

  • les conversations du salarié via le micro de l’ordinateur, etc.

Quels sont les principaux logiciels de surveillance et leurs fonctionnalités ?

Parmi les logiciels les plus connus, Hubstaff ou Time Doctor peuvent prendre des captures d'écran de l'écran de l'employé à intervalles réguliers. Des outils tels que Teramind servent à suivre les applications utilisées par le salarié, y compris le temps passé sur chaque application.

Des outils comme Toggl, DeskTime ou RescueTime enregistrent le temps passé sur des applications et des sites web, afin d’avoir une vue détaillée de la productivité. L’usage de keyloggers qui vont enregistrer chaque frappe sur le clavier et chaque clic sur la souris est aussi possible afin de surveiller les activités sur l'ordinateur.

Les logiciels comme ActivTrak enregistrent les sites web visités, le temps passé sur chaque site, et peuvent même bloquer l'accès à certains sites. Certains outils, tels que Teramind, surveillent les communications des salariés, que ce soient les e-mails ou les discussions instantanées.

Comment savoir si on est espionné par son employeur ?

La détection d'une surveillance en télétravail peut être délicate, mais certains signes peuvent éveiller des soupçons.

Premiers signes : des performances informatiques inhabituelles, une utilisation excessive de la bande passante ou une réduction de la vitesse du système peuvent indiquer la présence de tels logiciels.

Autres signes : des restrictions d'accès à des fichiers ou à des dossiers auxquels vous pouviez initialement accéder peuvent indiquer un changement dans les paramètres de sécurité. Cela mérite une vérification : cela peut être une mesure de surveillance ou simplement une mise à jour des protocoles de sécurité de l'entreprise.

Mon boss m’espionne : est-ce légal ?

L'utilisation de logiciels de surveillance des employés soulève bien sûr des préoccupations d’éthique, de respect de la vie privée et de confidentialité.

Lorsqu’il s’agit de la surveillance informatique des salariés, l'employeur a le droit de surveiller l'utilisation des outils informatiques en entreprise, tels que les ordinateurs, la connexion Internet et la messagerie professionnelle. Ces droits sont encadrés par le Code civil, le Code du travail et le Code pénal qui assurent la protection de la vie privée et les droits des employés.

L'employeur peut également restreindre l'accès à Internet, lire les e-mails et les SMS professionnels. Il a le droit d’accéder librement au matériel informatique de l'entreprise, y compris en l'absence de l'employé. Il est crucial que les employeurs informent les employés de ces pratiques et respectent les lois de confidentialité et de surveillance.

Ces droits en matière de surveillance informatique sont limités pour respecter la vie privée des salariés. Toute surveillance excessive est illégale. De même, les dispositifs déployés doivent servir un but légitime. Les logiciels espions excessifs, comme les keyloggers, sont interdits. L'employeur ne peut pas exiger la copie automatique de tous les e-mails ni consulter les e-mails personnels des salariés. Les fichiers et les conversations marqués comme "Personnel" ou "Privé" sont protégés.

En cas de litige, la constatation d'une atteinte à la vie privée peut entraîner des dommages et intérêts sans préjudice spécifique.

Que faire si je suis surveillé à distance par mon patron ?

Toute surveillance informatique doit respecter les règles du RGPD (Règlement Général de Protection des Données). L’employeur doit notamment informer les employés sur les finalités, les destinataires, la durée de conservation des données et leurs droits d’accès aux données. Une charte informatique, intégrée au règlement intérieur, doit détailler ces informations.

En cas de litige, les représentants du personnel et les délégués syndicaux peuvent être contactés pour recevoir des conseils personnalisés. En cas d'abus, l'inspection du travail, la CNIL (Commission Nationale Informatique et Libertés), ou des plaintes contre l'employeur sont des recours possibles, tout en respectant les lois encadrant la surveillance informatique au travail.

Si le salarié fait appel à la CNIL, l'employeur peut être mis en demeure ou se voir infliger une amende. D'autres sanctions peuvent cibler les logiciels aux fonctionnalités illégales. Enfin, le télétravailleur peut saisir le conseil des prud’hommes et obtenir des dommages et intérêts au titre des préjudices subis (contrôle illégal et atteinte à sa santé mentale).

Plus d’informations pour bien télétravailler :

 

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Commentaire (1)

FreeWorker-Clarisse
Il est particulièrement préoccupant de savoir que des logiciels peuvent enregistrer des captures d'écran, suivre les frappes de clavier ou même écouter les conversations via le micro de l'ordinateur. En tant que télétravailleur, il est crucial de rester vigilant et de s'informer sur les moyens de détecter ces logiciels espions. Pour ceux qui souhaitent aller plus loin, il existe des ressources utiles pour apprendre à détecter ces logiciels sur différents appareils. Par exemple, cet article propose un guide pour détecter les logiciels espions sur les smartphones: https://www.prodigemobile.com/tutoriel/detecter-logiciel-espion-smartphone/ Il est aussi important de rappeler que toute surveillance doit être transparente et respecter les lois en vigueur.
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