Mettez-vous à jour : le marché du freelance IT a changé !
Le marché n’est pas facile en ce moment… Entre nous, les indépendants, je commence à entendre régulièrement cette expression : « stop and go ». Autrement dit, la période est à candidater à des missions qui finalement seront potentiellement annulées et qui peut-être (ou pas) redeviendront urgentes quelques semaines après.
C’est une certitude, le marché du freelance comme beaucoup d’autres est devenu instable. Alors, on fait comment ?
Je suis allée à la rencontre d’une des expertes référentes du recrutement IT : Hélène Ly. Avec elle, je partage les meilleures ressources pour tenir dans ce jeu d’équilibriste permanent.
C’est galère, Hélène, de trouver une mission en ce moment. Tu confirmes ? Pourquoi ?
Le secteur de la technologie, contrairement à la croyance commune, n’est pas à l’abri des crises.
Déjà en 2008, elle avait subi, comme tous les secteurs, la crise financière. Concernant la période actuelle, les prémisses de la crise sont apparues en 2022 : ralentissement des levées de fonds, licenciements chez les grands acteurs de la Tech…
Les recruteurs aujourd’hui évoluent dans un climat frileux par manque de visibilité et de confiance en l’avenir. Le ressenti général est un rythme haché de « stop and go » pouvant d’ailleurs largement déstabiliser les candidats. Le marché du freelancing est plus qu’auparavant soumis à des avancées-reculs inattendues en termes de business.
Être bon dans son expertise IT ne suffit plus
Qu’est ce qui te marque ces dernières années sur le marché du recrutement IT en tant que salarié ou freelance ?
Le nombre de freelance a été augmenté par deux depuis 10 ans. Le COVID a récemment accéléré ce mouvement vers l’indépendance. De l’autre côté, les entreprises sécurisent ce qui se doit de l’être, il n’y a plus autant de moyens pour déployer de nouveaux projets et les TJM sont à la baisse.
Bilan : être bon dans son métier ne suffit plus. Il faut désormais des compétences solides en communication, en administratif et en prospection commerciale.
Les freelances très expérimentés avec au moins 5 ans d’expérience sont privilégiés. Il y a toujours des missions mais les TJM sont moins élevés surtout pour les métiers les plus représentés comme les « dév front » ou les « experts PHP ». Les TJM sont autour de 300 euros pour ces profils, et aujourd’hui, cela peut même être moins. En revanche, les « spécialistes back end », les « dév ops » et les « experts cyber » peuvent être plus exigeants en termes de tarif car leur profil est plus rare.
Le vent a donc tourné pour certains profils. Beaucoup n’y étaient pas préparés. Les délais de paiement se sont aussi rallongés. Il faut désormais être systématiquement en avance de trésorerie pour pouvoir tenir. Contrairement à un marché en bonne santé, dans un marché sous tension, il faut redoubler d’efforts pour savoir se positionner comme le bon partenaire de confiance. Il faut bien connaître son marché, avoir toujours un temps d’avance, continuer à développer ses compétences, cultiver son réseau et savoir se faire acheter.
L’expertise ne suffit plus.
Aux freelances qui m’interrogent, je recommande de se former aux compétences entrepreneuriales de bon gestionnaire, bon communiquant et bon vendeur ! Ils peuvent se renseigner auprès de leur CCI, France Travail, Envischool par exemple. Je leur recommande aussi de lire les bons conseils d'Emilien Pécoul.
Redoubler d’efforts pour bien se positionner et mieux cultiver son réseau.
Tu es passée de salariée à freelance il y a 4 ans. Que s’est-il passé lors de ce moment de transition pour toi ?
Quand j’étais encore en CDI, la dernière année, je savais que je souhaitais devenir freelance. J’ai profité de ce moment pour préparer mon réseau, accroître ma visibilité sur Linkedin et je me suis investie dans des interventions gratuites lors de meet-up pour me faire connaître. J’ai aussi co-écrit un livre avec Christel de Foucault, elle aussi très présente sur ce réseau social clef pour les indépendants. En 2019 intitulés, notre ouvrage « Recruteurs : 80 questions pour réussir vos entretiens. » fut publié. Clairement, tous ces efforts anticipés m’ont aidée à développer mon activité quand je me suis lancée en janvier 2020 !
Qu’est-ce que tu apprécies le plus dans ce statut d’indépendante ?
"J’aménage mon temps comme je veux" est un mythe.
Cela dépend beaucoup de la nature de son activité et de sa maturité sur le marché.
Par exemple, depuis quelque temps, je me suis spécialisée dans la formation. Dans ce type d’activité, je suis forcément dans un rythme assez soutenu et les horaires sont fixés par mes clients. Les deux premières années, j’ai travaillé comme une acharnée, je ne comptais pas mes heures, je prenais très peu de vacances, il n’y avait plus de frontières entre mes vies professionnelles et privées. Depuis, j’ai appris à m’organiser. Je ne travaille plus le vendredi, mes clients en sont informés. Le lundi, je me concentre sur les activités administratives, la communication et la prospection commerciale. Les mardis, mercredi et jeudi, ce sont les jours consacrés aux formations que je délivre. Ce que j’apprécie le plus aujourd’hui c’est de pouvoir m’exprimer sans contraintes. N’étant pas liée à une entreprise ayant pignon sur rue, je peux dire le fond de mes pensées. Je suis libre.
Propos recueillis par Caroline Loisel. J’interviens sur les relations au travail, les nouvelles façons de collaborer et la préservation de sa vitalité dans un monde bousculé.
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