Le conseil selon vous
Salut à tous,
j'aurais aimé savoir quelle est votre perception du "conseil". C'est un exercice que je comprends assez mal. Je comprends mal :
Le mode de contractualisation.
Le mode de rémunération.
Le timing des missions.
La rétribution du "conseilleur" lorsqu'il apporte des affaires aux "exécutants".
Bref, bien qu'ayant déjà recouru à des missions de conseil alors que j'étais du côté client, je me demande comment ça se passe côté fournisseur.
Anecdote :
en 2018, alors que je viens d'intégrer un poste de direction, mon DG recoure à une prestation de "conseil en digitalisation". Le prestataire fait un audit de tous les métiers de la boite. Pour ce faire, il lui faut entre 15 et 20 jours de mobilisation étalés sur 2 mois.. A la fin de l'audit, il fait sa restitution au CODIR et remet sont livrable d'exécution.
A mon sens, le livrable est vraiment cohérent et fera faire un bond en avant à la boite en terme de process et d'outillage. Il y en a pour 150.000 euros pour l'exécution.
Je me retrouve seul avec mon DG dans son bureau, et là, j'avoue que je ne m'attendais pas à ça, il prend chaque ligne du WBS d'exécution et il les rature une à une, en énonçant : Ca, tu vas le faire. Ca, tu vas le faire. Ca, tu va le faire, etc...
A la fin du rendez-vous, il reste 30.000 € d'exécution disponible pour les prestas externes et j'ai récupéré environ 120 jours-homme de travail.
Selon vous, c'est quoi le conseil IT ?
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michel95
Nombre de posts : 632Nombre de likes : 45Inscrit : 14 juillet 2010Selon vous, c'est quoi le conseil IT ?
Difficile à définir clairement tant les prestations peuvent être différentes cependant l’anecdote précédente semble être un exemple représentatif. Une des difficultés pour la définition c’est aussi le flou de la frontière avec d’autres types de prestations. D’ailleurs quand on vend du conseil IT cela peut déboucher sur la proposition d’autres types de prestations, et cela c’est particulièrement intéressant.
Pour le mode de contractualisation : Proposition d’un devis sous forme de contrat avec un périmètre le plus précis possible. Ceci suppose que l’on soit capable d’écrire un contrat que l’on peut améliorer progressivement avec l’expérience.
Pour le mode de rémunération : Le forfait semble être adapté pour la partie principale, avec la possibilité de prévoir une tarification pour les éventuelles prestations variables additionnelles. Quand on a suffisamment d’expérience en la matière c’est nettement plus intéressant qu’une rémunération au temps passé.
Pour le timing des missions : Cela dépend de ce que l’on entend par "timing".
Pour la rétribution du "conseilleur" lorsqu'il apporte des affaires aux "exécutants". Alors là c’est un terrain très glissant dont il faut se méfier et qui comporte des risques. Donc attention au mélange des genres. Les prestataires informatiques sont alors tous très sympathiques. Tout ce que l’on peut dire c’est que dans certains cas au moins c’est totalement illégal. Pour l’anecdote également, lorsque j’avais commencé à diversifier mes prestations pour abandonner progressivement le développement, lors d’une des premières missions en la matière une ESN notoirement connue avait proposé de me rétribuer. J’ai évidemment refusé. Le hasard a fait que quelques années plus tard un service particulier de cette même ESN m’a sollicité pour la conseiller ponctuellement en vue de surmonter certaines difficultés qu’elle rencontrait dans certains projets de l’IT, mais dans ce dernier cas il n’y avait aucune ambiguïté car il y avait une parfaite étanchéité.
Utilisateur suppriméHello Michel,
merci pour cette contribution. Concernant l'apport d'affaire, tu indiques :
Tout ce que l’on peut dire c’est que dans certains cas au moins c’est totalement illégal.
Je suis interpellé par cet aspect illégal. Outre les marchés publics, qu'est-ce qui limite le fait de conseiller une tache et un exécutant ?
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michel95
Nombre de posts : 632Nombre de likes : 45Inscrit : 14 juillet 2010Pour les marchés publics tu as répondu.
Pour les autres, et si l'on voulait procéder ainsi, il serait prudent de creuser, mais je ne connais pas de texte qui l'interdise formellement. Il y a un aspect déontologique, vu que le conseil touche des deux côtés sans que son client en soit informé, ensuite sur l'aspect strictement légal il serait préférable de vérifier ce qui n'est pas simple.
Tu envisages de te lancer dans cette aventure ? 😁
Utilisateur suppriméSi j'y comprends quelque chose, je pourrais essayer. 👍
Je vais essayer de dire 2 trucs qui me semblent contradictoires :
Une structure de conseil bien organisée peut facturer beaucoup plus qu'une structure de régie. (Typiquement, un Homme peut facturer 300 jxh dans l'année).
En conseil, il semble y avoir des négos en permanence, des réunions à n'en plus finir. Des choses qui commencent mais qui sont arrêtées... etc...
In fine, il semble difficile de faire tout ça tranquillement. C'est une bataille de tous les jours qui relève de la fameuse niaque commerciale. C'est pour cela que je sollicite les avis. Est-il facile de faire du conseil ?
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_Fred_
Nombre de posts : 750Nombre de likes : 321Inscrit : 1 mai 2015Pour avoir eu affaire à ces consultants, ce ne sont pour moi que des spécialistes. Plus la structure est petite, plus ils semblent être experts dans leur domaine. Ce qui veut souvent dire prestation choisie, rare, et très bien rémunérée.
De toute façon, si une entreprise fait appel à un consultant, c'est qu'elle n'a théoriquement pas les compétences en interne (disponibles). Et elle a tout intérêt à n'en prendre qu'une essence de vision ou d'ébauche de culture : elle prend le plan d'action du consultant, cher payé, et le met en place elle-même avec sa taskforce. Le consultant revient ensuite pour vérifier la qualité du boulot fait.
C'est assez fréquent dans la mise en place de modèles opérationnels ou frameworks techniques (y'a qu'à demander au gouvernement 😁).
- Utilisateur supprimé
Je suis assez surpris, car comme le mentionne DevAndOps, j'imaginais que les missions de conseil étaient souvent du one-shot assez intensifs. Les quelques fois où j'ai vraiment eu du témoignage de conseil, les consultants étaient au forfait-jour sur des missions classiques 3 mois renouvables.
Les deux fois, les clients n'hésitaient pas à mettre fin au contrat lorsque le consultant (qu'il soit MOE, manager d'équipe ou conseil) ne faisait pas l'affaire. C'était assez cocasse, car comme c'était des petites structures qu'on s'imaginait un peu "luxe" (petites banques privées), les consultants songeaient qu'en se pavanant et en faisant du rentre-dedans politique, comme ils ont sans doute l'habitude de faire en grand compte, cela fonctionnerait. Et ces deux clients préféraient largement le résultat, donc si le consultant sautait sur les tables en faisant "Taratata" en montrant des pectoraux mais sans résultat derrière, il se faisait laminer (alors que la discrétion était la meilleure possibilité de monter au front).
En ce qui concerne le statut, bah c'était assez étrange car on les laissait assez libre cours pour aller chercher auditer et monter des projets, et les proposer aux clients, qui validaient ou pas s'ils passaient le projet. Si ça passait pas... bah c'est pas grave, ils avaient libre cours pour aller chercher d'autres choses à faire. Le truc, c'était simplement de revenir assez régulièrement pour montrer qu'ils faisaient quelque chose. Il y avait une consultante qui était arrivée mais qui voulait juste qu'on lui file un cahier de recette d'une application et le dérouler bêtement...Parmi les projets, j'avais vu par exemple un audit des équipes de prospection qui avaient fait comprendre que le contrôle des KYC étaient bien trop longs : ils revenaient en moyenne au bout de 10 jours aux clients pour dire si oui ou non ils pouvaient avancer dans le projet ; entre temps, le client, qui a des comptes chez d'autres banques, était déjà passé à autre chose. Le but était donc de couper les délais en faisant des actions parallèles qui ne nécessitaient pas les autres (en un mot : faire un diagramme de PERT). Dans une autre, une consultante en conseil avec qui j'ai travaillé avait voulu mettre en place des nouveaux typologies de compte. L'idée a été reçue favorablement, mais la mise en place trop onéreuse par rapport à l'équipe (notamment au fait que j'étais staffé sur 4 projets pour les 12 mois suivants).
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michel95
Nombre de posts : 632Nombre de likes : 45Inscrit : 14 juillet 2010@DevAndOps. Pour le point 1, oui bien sur, car le client n'a pas (et souvent aucune) d'idée du temps qui sera passé par le consultant, en particulier pour la réalisation des livrables. Je vais risquer une analogie qui vaut ce qu'elle vaut : c'est comme quand on développe une application à partir d'un cahier des charges (c'est ce que je faisais dans une vie antérieure et je suppose que les principes sont restés), il y a des développeurs qui vont y passer 10 jours et d'autres 50 jours voire plus en fonction de leurs compétences, expériences, ... Si bien qu'à tarif forfaitaire équivalent l'un sera 5 fois plus cher que l'autre si l'on ramène au temps passé. Un effet de levier analogue existe également dans le développement d'applications métier pour leur commercialisation une fois l'investissement initial réalisé.
Pour le point 2, non, surement pas "des négos en permanence, des réunions à n'en plus finir" 😂, mais cela peut dépendre non seulement de la taille du projet mais également du périmètre de la mission de conseil. C'est pourquoi la précision du contenu du contrat est fondamentale pour border la prestation. D'ailleurs ton exemple repris dans l'anecdote est parfait, car si pour ce type de prestation le consultant s'est arraché les cheveux c'est qu'il y a un problème quelque part.
Je ne connais pas bien ton métier malgré les explications détaillées par ailleurs, il te semble peut-être facile, mais pour moi il apparait particulièrement complexe et probablement stressant, par contre, selon ma propre expérience naturellement, il est "facile de faire du conseil".
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Free-Worker-262938
Nombre de posts : 24Nombre de likes : 6Inscrit : 27 mai 2021Bonjour,
Dans ma perception le "conseil" correspond à différentes réalités qui se télescopent souvent: le conseil en IT, le conseil en management, le conseil en stratégie. Entre les consultants qui fournissent :
des conseils en terme d'urbanisation du SI (rédaction de schémas directeurs, éventuellement d'appels d'offre),
des conseils en matière de choix applicatifs / d'offre d'infra (rédaction des questionnaires, schémas d'infra...),
de l'aide à gestion de projet (sauve qui peut pour moi) et à la conduite du changement (je ne sais pas vraiment à quoi cela correspond),
la prise en charge du volet AMOA dans certains projets (avec des équipes mixtes incluant des consultants externes),
la prise en charge d’une partie de la conception et/ou réalisation technique (intégration de solution, conception de traitements et autres API).
Le mode de contractualisation => forfait ou régie. Mon cas ce sera plutôt en mode régie avec une obligation de moyen. Il existe aussi des contrats de sous-traitance avec certains éditeurs qui comportent malgré tout un peu plus de risques et peu de backup.
Le mode de rémunération dépend du contrat.
Le timing : ça dépend de quelques semaines à plusieurs mois ou années.
La rétribution du "conseilleur" => Aucune idée sur ce dernier point.
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Super Consultant n°9872315231
Nombre de posts : 67Nombre de likes : 67Inscrit : 29 juillet 2019En général, les missions de pur conseil se font au forfait, donc avec un engagement de résultat. Elles sont normalement très bien payées, mais il ne faut pas se tromper dans le montant de la propale. Si tu estimes qu'il faudra 10 jours pour livrer ton doc et qu'à la fin tu y passes 20 jours, tu as travaillé 10 jours à l'œil. Et souvent, le client impose une clause de retard qui peut te ruiner si tu n'y prends pas garde. Ca fait que tu risques d'y passer tes nuits et tes week-ends pour livrer à temps. (A contrario, parfois, tu travailles 2 jours pour 10 facturés :).
Souvent, l'apporteur d'affaires prend jusqu'à 20% de marge. Ça peut être moins, ça dépend de ton sens commercial. Si c'est plus, il faut en changer. 20% calculés sur le montant payé, c'est tout de même 25% de plus que ton montant.
- Utilisateur supprimé
Merci à tous pour ces éléments. C'est vraiment très instructif. (et ça donne pas envie 🤣😂 )
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Droopyann
Nombre de posts : 3675Nombre de likes : 1828Inscrit : 21 mai 2018J'aurais tendance à dire qu'on met tout et n'importe quoi dans le conseil.
C'est un peu comme les chasseurs, il y a le bon conseil et le mauvais conseil ...A mon sens, il faut reprendre l'idée de départ qui est d'apporter un conseil (une expertise serait peut être plus clair) à une entreprise / organisation. Comme dit plus haut, ça donne différents métiers / activités mais ça reste du conseil.
La grosse difficultés, c'est comment le client est prêt à accepter les conseils qui lui sont donnés. Combien de conseil j'ai pu voir (donner aussi) qui n'étaient pas suivi ? On fait appel à un pro, mais on ne fait que ce qu'on a envie ... Ca donne rien de bon.
Dans les échanges, vous parlez aussi d'une commission d'apporteur d'affaire. Je trouve ça délicat. En tant que conseil, il faut être impartial. Et si je prends une com, forcément, je perds de mon impartialité. Je peux conseiller un autre professionnel, mais pas si celui-ci me rémunère.
-- Yann EURL IS depuis 2019Utilisateur suppriméMerci pour les infos. J'ai également pas mal de doute sur le manque de satisfaction et le sentiment d'inutilité lors d'une prestation de conseil non suivie d'effet. 🤨
Aujourd'hui, j'ai eu un entretien avec une ESN dont une branche est spécialisée dans le cloud. Ils voudraient me positionner dans le dispositif dans le cadre d'un "practice", c'est à dire d'une organisation silotée par domaine d'activité : Le cloud, le DevOps, la Data et l'IA.
L'ESN spécialisée dans l'exécution vient justement de créer une boite de conseil pour pouvoir se faire alimenter. Je riais un peu dans ma barbe en me remémorant ce qui est écrit dans ce post. Ethique, toussa, toussa, déontologie.... Cette ESN là n'est pas sur cette longueur d'onde 😜 -
michel95
Nombre de posts : 632Nombre de likes : 45Inscrit : 14 juillet 2010Bonjour,
… je me demande comment ça se passe côté fournisseur …
Eh bien voilà un témoignage concret et tout frais par rapport à la question d’origine.
Comme quoi les longueurs d’onde peuvent être diverses 😉