Vous avez raison, Orangina Rouge,

Je me permets toutefois quelques questions :

• Cela justifie-t-il pour autant de ne pas respecter la loi côté client et d'être parfois ouvertement dans le salariat déguisé ? Certains n'aiment pas être contraints d'être dans une forme de prostitution qu'est la majorité des emplois salariés et préfèrent toucher du doigt l'idée d'être "free", cela peut se comprendre. Ils n'aiment pas devoir donner leur corps en échange de billets et d'un contrat qui les oblige "volontairement". Certes, derrière tout ça, il y a un principe simple, que tout le monde arrive à vivre. D'un côté, on offre un emploi, de l'autre, on le réalise. Mais le modèle standard du salariat est tout sauf un modèle d'exemplarité. Ne trouvez-vous pas ? Certains offrent leur vie et leur corps, par conviction. Cela se respecte et s'honore ; je pense aux métiers de la fonction publique (avocats, militaires, gendarmes, policiers, etc.), d'autres le font sans conviction pour des raisons personnelles (besoin de faire vivre leur famille, la nécessité de sauver leur pays comme la situation en Ukraine, etc.), mais ce modèle est tout de même différent de la notion de salariat telle que la vit la grande majorité des gens.

• Si oui, n'est-ce pas vous qui, au final, avez une mécompréhension de ce qu'est un freelance et refusez de l'admettre, car vous n'acceptez pas cette différence de statut qu'implique le freelance et donc vous n'acceptez pas que côté client il y ait aussi des reponsabilités ? Si c'est le cas, peut-être êtes vous dans une forme de frustration. Dit autrement de "moi j'ai vécu ce traumatisme, alors les autres doivent le vivre", ou bien encore "j'ai travaillé avec des freelances, ça c'est mal passé, alors, tous les freelances sont les mêmes".

Freelance depuis 3 ans, je constate qu'il y a trois avantages :
1 - On peut ne pas travailler toute l'année. Nous ne sommes pas tenus par des chaînes, contrairement au salariat. Ce que vous appelez "mercenaire", moi j'appelle cela "professionnalisme". Car un mercenaire est là pour faire du sale travail, du bâclé, du pas beau, et pour faire ce que les autres ne veulent pas faire. Or, un freelance, c'est diamétralement opposé : on ne lui demande pas de faire ce que les autres ne veulent pas faire, mais ce que les autres ne peuvent pas faire. On ne lui demande pas de faire du crado, mais de faire de l'exemple. Donc, votre vision caricaturale est plus que loin de la réalité, ne vous en déplaise... Vous êtes tombé sur des Freelances qui faisaient n'importe quoi ? Qui n'en avait rien à faire ? Vous êtes alors très certainement tombés sur des juniors qui ont du avoir 6 mois de carrière en tant que Freelance, ou, les rares à être freelance depuis des années et être mauvais.
2 - On est obligé d'être à la pointe, sinon on n'est pas pris (ou alors on est pris mais le TJM prends cher et ça, en général les boites aiment bien). Cela oblige à constamment se remettre en question et à évoluer techniquement. Un écart que je constate souvent en termes de niveau entre un salarié et un freelance, d'ailleurs. Le salarié a vite tendance à s'installer dans une routine et ne plus se donner les moyens de progresser. Le freelance lui, tel un boxer, remet son titre en jeu à chaque mission.
3 - Cela reste une relation B2B avant tout, donc on génère plus qu'un emploi salarié. Je doute fortement que les emplois de développeur en salariat tournent souvent aux alentours de 8 000 euros par mois, net d'impôts (enfin si, mais il faut aller aux USA ...).

Pour le reste, selon moi, ce ne sont que des désavantages : pas de clients, pas de revenus. C'est beaucoup plus épuisant d'être freelance, sur tous les plans, et les journées sont plus longues qu'un salarié, car le freelance doit, en plus, gérer ses autres clients, en rechercher de nouveaux, gérer son entreprise, etc.
De plus un salarié lui, si il y a une erreur de faite, ça sera sur le dos de l'entreprise. Un Freelance lui, c'est son contrat qui va sauter. Raison aussi pour laquelle les entreprises aiment tant faire appel à des freelances afin de se décharger au maximum.

Je ne dis pas que le salariat est moins bien. Il y a énormément de bons côtés au salariat. Un exemple simple : selon moi, il est bien plus intelligent et prudent d'être salarié quand on a une vie de famille, ou, aucun objectif de vie, ou que l'on n'aime pas le stress d'ordre général. Il se trouve que ces trois conditions sont celles de la grande majorité des gens.

Et, je ne défends pas les freelances qui se comportent comme des Princes en missions et s'imaginent que tout leur est dû. Mais je défends encore moins la position que vous arborez, qui se veut méprisante à souhait sans justifications sérieuses, tout comme la position des entreprises qui font travailler les freelances comme si ils étaient des salariés et contreviennent à la Loi. Ces entreprises là chaque jour se savent en illégalité et sciemment font le choix de rouler sur la France, au-delà de rouler sur les gens.